DES ARTISTES FINANCENT  »FAUT QU’ON SE PARLE »… On est 8 millions, faut se parler » de l’avenir du Québec

« ON EST 8 MILLIONS, FAUT SE PARLER! »

Pour changer le Québec, un groupe de réflexion sillonnera tout le pays en quête de solutions

Par MICHEL CLOUTIER, journaliste, écrivain et éditeur-fondateur du magazine électronique QUÉBEC PRESSE, Montréal, Paris, Washington

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MICHEL CLOUTIER

MONTRÉAL — Le jeudi 29 septembre 2016

Des horizons nouveaux soutenus financièrement  par des artistes comme Yvon Deschamps, viennent créer une dimension de profondeur face au destin incertain de l’existence de l’État-nation québécois: 

« Faut qu’on se parle! »  L’exclamation ainsi lancée, interpelle sérieusement la société québécoise, depuis un point de presse, hier, tenu avec une certaine inquiétude par un groupe de réflexion formé de cinq membres:

—l’économiste Jean-Martin Aussant, (fondateur et ex-dirigeant du parti Option nationale), indépendantiste, membre du Parti Québécois;

—Claire Bolduc, agronome, rurale et militante indépendantiste;

—Maïtée Labrecque-Saganash, militante crie et étudiante en science politique à l’UQUÀM et fédéraliste avouée;

—Gabriel Nadeau-Dubois, auteur et militant indépendantiste,

—et Alain Vadeboncoeur, urgentologue, auteur et indépendantiste.

UN SLOGAN VITE CENSURÉ PAR OTTAWA ! 

La vibrante interpellation « Faut qu’on se parle » d’aujourd’hui, n’est pas sans rappeler le fameux slogan publicitaire de 1975 sur les chaînes de la télé québécoise, produit par la brasserie Labatt:   »On est 6 millions, faut se parler ».

Rien de fugitif: trop forte était cette pub dont la mélodie invitait les 6 millions de Québécois de l’époque, à se parler en prenant une bonne Labatt. Quel plaisir! Quel trait de génie! Le slogan allait au-delà de soi, transcendait le palmarès de la chanson québécoise. Une fascination taillé pour les Québécois en hâtant les salutations d’une région à l’autre du slogan.

Mais pris de panique devant cette prise de conscience généralisée, le gouvernement Trudeau y trouvait-là un front identitaire carrément embarrassant, ravageur même de  »l’unité nationale canadienne ». Autre pays, autres meurs! Deux solitudes, deux pays!

Une ombrageuse menace séparatiste en vue! Cette flagrante prise de conscience devenait lyrique comme l’éclair, le grand public s’y reconnaissait à l’éterniser et tout le monde fredonnait la mélodie durant des semaines… une sorte de provision d’énergie nationaliste et patriotique, un retentissement incroyable, fulgurant à perpétuer l’espèce francophone en Amérique! Mais hélas! ce fut plutôt une onde de choc malsaine, un dégoût déchirant du côté d’Ottawa. Labatt heurtait le Canada anglais! et minait l’unité canadienne. Insupportable moment. Malgré tout, rien n’était plus comme avant, le Parti québécois brillait de tous ses feux avec la victoire prochaine à portée de la main.  

TRUDEAU PIÉTINE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Si bien que Pierre-Elliott Trudeau, sentant le piège foudroyant depuis sa haute tour d’Ottawa, piétina belliqueusement la liberté d’expression (fondamentale à toute démocratie),  en sommant la direction de la brasserie Labatt, de retirer son chef-d’oeuvre publicitaire des ondes québécoises. Ne pouvant s’opposer à cette impérative missive, les actionnaires abasourdis du brasseur anglophone obtempérèrent en se soumettant au diktat d’Ottawa… sans que la grande presse en fasse écho. Le slogan d’un peuple dégringola et s’éteignit piteusement dans le silence. N’empêche qu’un an plus tard, le PQ de René Lévesque triomphait  haut-la-main et entrait à l’Assemble nationale de 1976.

Aujourd’hui, « Faut qu’on se parle! » n’est pas condamné à la censure, évidemment. Son heureuse analogie d’avec le slogan du brasseur montréalais est une affaire purement d’identité nationale, cette porte d’accès aux esprits forts… et non une mercantile affaire de houblon  »pour empocher des sous ».     

VOICI LE TEXTE DU GROUPE PUBLIÉ DANS LE DEVOIR DU JEUDI 29 SEPTEMBRE 2016

 »Faut qu’on se parle »

Malgré son immense potentiel, le Québec a de la difficulté à avancer

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Photo: Jacques Nadeau Le Devoir.

29 septembre 2016 | Jean-Martin Aussant, Claire Bolduc, Maïtée Labrecque-Saganash, Gabriel Nadeau-Dubois et Alain Vadeboncoeur – Respectivement économiste; agronome, rurale et militante; militante crie et étudiante en science politique à l’UQAM; auteur et militant; et urgentologue et auteur.

Au printemps dernier, le témoignage de François Marcotte a ému tout le monde. Ce résident de 43 ans dans un CHSLD, atteint de la sclérose en plaques, était contraint de se tourner vers la charité virtuelle pour se procurer une douche supplémentaire par semaine. Si cette histoire a tant marqué les esprits, c’est qu’elle illustre concrètement les conséquences des politiques d’austérité des dernières décennies : comment se fait-il qu’en 2016, un patient ait besoin de la générosité publique pour simplement vivre dans la dignité ? Comment en sommes-nous arrivés là ?

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Périodiquement, lorsque les médias lèvent le voile sur une telle histoire-choc, on assiste à une levée de boucliers. Les réactions populaires à la suite de la fermeture du centre de désintoxication de Mélaric en sont un autre exemple. Nous n’avons donc pas perdu le sens de l’indignation ni celui de l’action collective, comme le montrent les nombreux mouvements citoyens des dernières années, de la mobilisation des parents pour protéger l’école publique à celle des citoyens de la vallée du Saint-Laurent contre l’exploitation du gaz de schiste.

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Ces débats et ces luttes ont permis à nombre de citoyens de faire entendre leur insatisfaction, et parfois de contribuer à changer les choses, mais force est de constater que la liste des propositions est plus courte que celle des doléances. Parce que si nous savons manifestement ce que nous ne voulons pas, savons-nous vraiment ce que nous voulons ? Autrement dit, au-delà de l’opposition à des projets et politiques néfastes, quel Québec voulons-nous construire ?

 

C’est pour répondre à cette interrogation que nous lançons une vaste tournée de consultation citoyenne sur l’avenir du Québec. Cet automne, nous irons à la rencontre de nos concitoyens et concitoyennes, afin de leur poser dix questions urgentes sur l’avenir du Québec. Nous aborderons les grands enjeux qui sont les nôtres : démocratie, économie, place des régions, indépendance, éducation, santé, relations avec les Premiers Peuples, diversité, culture et climat.

 

Nous sommes cinq personnes provenant de milieux et de générations différentes, mais nous partageons le même constat : malgré son immense potentiel, le Québec a de la difficulté à avancer. Pour sortir de cette situation, nous croyons qu’une grande discussion politique s’impose et qu’elle doit avoir lieu à l’extérieur des sphères partisanes. Si nous voulons nous remettre en marche collectivement, nous devons retourner aux racines de la vie politique : faut qu’on se parle.

 

Pour ce faire, nous organiserons de grandes consultations publiques d’un genre nouveau. Finies les présentations interminables de conférenciers suivies de courtes périodes de questions. Grâce à une application que nous avons développée, nos consultations seront vraiment participatives. Nous serons surtout à votre écoute et nous prendrons le temps.

 

Mais ce n’est pas tout. Nous lançons aussi une plateforme Web qui permet non seulement aux gens de nous faire parvenir leurs idées, mais aussi de nous inviter directement dans leur cuisine, afin de parler politique — au sens large du mot — avec nous. En mettant ainsi la technologie au service de la démocratie, nous donnerons la parole à des milliers de personnes, de toutes les régions et de toutes les origines, qui sentent que leur voix n’est pas suffisamment prise en compte dans les décisions de nos gouvernements et qui souhaitent participer à construire l’avenir.

L’objectif de cet exercice démocratique unique est bien sûr de dresser un portrait de la situation, mais aussi, et surtout, d’en arriver à des propositions concrètes, originales et largement partagées, pouvant aider à façonner le Québec de demain.

 Notre vie politique a besoin d’une grande bouffée d’air frais. Il est temps d’ouvrir les fenêtres.

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Jean-Martin Aussant, Maïtée Labrecque-Saganash, Gabriel Nadeau-Dubois, Claire Bolduc et Alain Vadeboncoeur.

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