QUÉBEC: Il faut appliquer la loi 101 aux artistes, selon Guy Fournier

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«Auteurs et scénaristes sont parmi les grands responsables de la dégradation graduelle du français qu’on parle au Québec.» (Guy Fournier).

«Quelle révolution, s’ils en prenaient enfin conscience !», ajoute-t-il.

MONTRÉAL, QUÉBEC, août 2021 —

L’affaire est sérieuse: l’inquiétante pauvreté linguistique des Québécois fait rebondir plus que jamais  Guy Fournier: il affirme que les «auteurs et scénaristes sont parmi les grands responsables de la dégradation graduelle du français qu’on parle au Québec. Quelle révolution, s’ils en prenaient enfin conscience!».

Percutant à l’extrême, Guy Fournier, chroniqueur-vedette du Journal de Montréal et du Journal de Québec (500,000 exemplaires les deux), est manifestement fait pour l’action et le combat… même en ses 90 ans!!!   

C’est un geste extraordinaire que viennent de poser les six anciens premiers ministres du Québec encore vivants, écrit-il.

Dans une lettre ouverte publiée hier, ces personnalités politiques d’allégeances différentes réclament d’une seule voix qu’Ottawa applique la loi 101 à toutes les entreprises du Québec qui sont sous juridiction fédérale. Après 40 ans de loi 101, il est plus que temps.

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Fournier poursuit: Leur prise de position spectaculaire m’incite à demander à nos anciens ministres de la Culture toujours vivants d’imiter leurs premiers ministres. Qu’ils somment nos artistes et nos auteurs de respecter, eux aussi, la loi 101.

Ces vedettes de la télévision, du cinéma et du spectacle font bien plus de tort à notre langue que tous les fonctionnaires fédéraux du Québec qui ne parlent pas français.

Mesdames Lise Bacon, Lucienne Robillard, Liza Frulla, Marie Malavoy, Rita Dionne-Marsolais, Louise Beaudoin, Agnès Maltais, Diane Lemieux, Line Beauchamp, Christine St-Pierre, Hélène David, Marie Montpetit et Nathalie Roy ainsi que messieurs Maka Kotto, Clément Richard, Denis Vaugeois et Luc Fortin, c’est le temps de vous manifester.

UN EFFET BOEUF

Imaginez l’effet bœuf que pourraient avoir ces 17 ministres de la Culture encore vivants si, d’une seule voix, ils exhortaient nos auteurs et nos artistes à mettre de côté anglicismes, sacres et barbarismes pour s’exprimer enfin en français correct.

Il a suffi d’une génération et de quelques efforts de l’Office de la langue française, par exemple, pour que nous nous débarrassions du pauvre vocabulaire automobile qui était le nôtre depuis des générations. Aujourd’hui, presque personne au Québec ne parle encore de « windshields », de « wipers », de « tires » ou de « tuyaux d’exhaust ».

On pourrait donc en finir rapidement avec des chanteurs et des chanteuses qui présentent les « tounes » qu’ils chantent seuls ou en gang, que leur single soit au hit parade ou au sommet des charts, qu’ils fassent de la « pop » qui a du beat, qui soit main stream ou off beat. Les plus populaires parlent toujours de leur fan club et des groupies qui les suivent.

Ils sont loin d’être seuls à torturer la langue française à chaque entrevue qu’ils donnent. Les musiciens parlent moins, mais qu’ils jouent du drum ou du brass, qu’ils groove en jouant de la funk, qu’ils enregistrent leurs tracks live ou en studio, ils se plaignent toujours d’être mal payés pour leur gig ou leur jam, surtout s’ils font partie d’un band.

LES GRANDS RESPONSABLES

Les humoristes qui font du stand up sont de loin les stars les plus hot, ou les plus cool c’est selon, de notre show business. Ils sont au top depuis des années. Les plus populaires sont ceux qui font de l’humour trash, qui multiplient les jokes de cul et qui sacrent en « s’tie de câlisse de tabarnak » comme Mike Ward ou Mariana Mazza.

Les  acteurs à la bouche molle

Je ne reviendrai pas sur les acteurs à la bouche molle dont on perd la moitié des mots, mais je dénonce les auteurs qui leur mettent en bouche des dialogues bourrés d’anglicismes, de barbarismes, de sacres et de jurons. Les mots des personnages de leurs séries et téléromans polluent ensuite les conversations de tous les jours à l’école, au travail et au foyer.

Auteurs et scénaristes sont parmi les grands responsables de la dégradation graduelle du français qu’on parle au Québec. Quelle révolution, s’ils en prenaient enfin conscience !

Guy Fournier (1931-) Auteur… parmi les plus grands du Québec et de la francophonie. 

Avant de devenir journaliste, il étudie les sciences économiques et la philosophie. Dans le magazine «Perspectives», il tient une chronique humoristique qui dure 25 ans.

Il écrit pour la télévision plus de 200 demi-heures, dont «Rue de l’Anse» (1963-1965), «Ti-Jean Caribou» (1963-1966), «Pierre d’Iberville» (1967-1968), «Jamais deux sans toi» (1990-1992), «Peau de banane» (1982-1987), «Manon» (1985-1987) et «Mount Royal» (1990). En 1988, il écrit la série «L’Or et le papier» en collaboration avec Jean Chatenet.

Intéressé par le cinéma, il écrit la narration de plus de cinquante films et le scénario de deux longs métrages: «Souris, tu m’inquiètes» et «Maria Chapdelaine» (1985). Il est de plus producteur de «Fantastica» et «Une amie d’enfance».

Auteur prolifique, il publie de nombreux livres, dont un recueil de poèmes, deux recueils humoristiques et des livres pour enfants.

Il fonde l’Institut québécois du cinéma, dont il est le président de 1978 à 1981. De 1978 à 1979, il est vice-président du Comité consultatif des télécommunications et de la Souveraineté canadienne.

Associé de près au lancement de la chaîne Télévision Quatre-Saisons au milieu des années 80, il présidera quelques années plus tard la Commission d’étude sur le cinéma et l’audio-visuel formée par le gouvernement du Québec.


En référence: nd
En complément: http://www.aqad.qc.ca/PAGES/AUTEURS/Biographie/fournier_guy.htm http://www.emissions.qc.ca/artisan.asp?Artisan=3531

 


Guy Fournier écrit dans sa chronique:

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