(2)—NAGASAKI: LA STATUE DE LA VIERGE RÉSISTE À LA BOMBE ATOMIQUE

DESTRUCTION DE L’HUMANITÉ: LA VIERGE-MARIE «ATOMATISÉE» RÉSISTE AU BRASIER

2e et dernier article

Par MICHEL CLOUTIER, journaliste, écrivain et fondateur du magazine électronique Journal Québec Presse, Montréal, Paris, Washington.

NAGASAKI, JAPON, 9 août 1945 —  L’horrible souffle de la déflagration atomique du 9 août a pulvérisé les vitraux et les murs de la cathédrale de Nagasaki, brûlé son autel et fait fondre sa cloche.

MAIS la tête d’une statue en bois de la Vierge-Marie a survécu au brasier, gisant parmi les colonnes effondrées et les débris de l’église romane.

L’icône mutilée a conservé les stigmates de la guerre: les yeux ont brûlé, laissant deux orbites noires. La joue droite est noircie et une fissure court le long du visage comme une larme. Une grâce inespérée à devenir visiblement un symbole de paix.

La bombe atomique américaine qui pulvérisa ainsi Nagasaki il y a 72 ans, réduisait à l’état de ruines, la cathédrale Urakami, l’une des plus grandes d’Asie à l’époque.

La cathédrale de Nagasaki, avant le feu nucléaire.

Un grand malheur allait s’abattre et faire souffrir tout un peuple. Impitoyablement et atrocement tourmenté. Un sacrifice total, inhumain pour un monde meilleur? Sordides calculs de politiciens-militaires !

Bien avant l’explosion, le paroissien Shigemi Fukahori connaissait cette statue, admirait son relief expressif. Il ne pouvait s’imaginer que le destin, que cette bombe, source de tous les maux, allait frapper la nature humaine et la détruire dans son existence même. Plus de 70 000 personnes périrent dans la ville.

La bombe atomique résiste à l’usure du temps

La cathédrale… après la déflagration de la bombe.

Le coeur de l’homme, inestimable dans son âme tout en étant homme de chair et d’esprit, est attaqué de façon barbare. L’ultime arme. Anéantir cet homme, cet ennemi nippon, et le rendre sans lendemain, dérivé, sans appel, pulvérisé, la végétation avec… tous, tous contaminés, irradiés brûlés jusqu’aux os. Calcinés. La bombe résiste à l’usure du temps. Horrible fatalité!

Voilà l’ultime arme qui éternise et consume tout. Imaginez! Où aller se réfugier? Où courir? L’éclair nucléaire vous passe au travers du corps, vous met en écharpe. Adieux! Paix, liberté, jeunesse et santé. Adieu! climat tempéré des peuples heureux!

Détail des ruines.

La conscience s’écrase et ne se lasse pas de gémir et gémir; de survivre, de se prolonger au-de-là des naissances difformées.

Des générations perdues!  Et ce, tant que le monde sera un monde de conflits atomiques, sans connaître hélas! la douce folie de l’amour, cette folie qui est pourtant aussi vieille que le monde… et toujours neuve pour l’âme! Heureusement.

Mais le goût du bonheur sera toujours le plus fort. Et pourquoi? Pour rayonner le futur dans l’Amour divin.

Le paroissien Shigemi Fukahori, quant à lui, survécut au nuage atomique. Encore bien portant lors de son récit, le culte des souvenirs remontent en lui. Il dira (selon La Dépêche du Midi du 9 août 2010) :

«Quand je l’ai revue pour la première fois (la statue), j’ai pensé que la Vierge était en train de pleurer», a-t-il dit, alors âgé de 79 ans. Il connaissait bien la statue avant le tonnerre atomique.

 

Shigemi Fukahori témoigne. Il se trouvait à l’intérieur d’une usine au moment de l’explosion.

«C’était comme si elle nous mettait en garde contre les horreurs de la guerre en se sacrifiant», ajoute-t-il en jetant un regard ému vers la statue.

«C’est un symbole important de paix qui doit être préservé pour toujours.»

La statue mutilée est aujourd’hui exposée dans la nouvelle église reconstruite au même endroit, à seulement 500 mètres du point central au-dessus duquel la bombe au plutonium a explosé.

La vierge «atomatisée» exposée à New-York

 

Émouvante Vierge-Marie!

Mais la relique a fait plusieurs voyages à travers le monde en tant que symbole de paix. En mai dernier (2010), elle se trouvait à New York, où se tenait la conférence de l’ONU sur le désarmement nucléaire, et a été exposée pour une messe à la cathédrale Saint-Patrick de la ville.

En chemin, les responsables religieux de Nagasaki ont présenté la statue au Vatican, où elle a été bénie par le pape Benoît XVI, ainsi qu’à une cérémonie à Guernica, à la mémoire des victimes des raids aériens nazis pendant la guerre d’Espagne.

«Nous avons voyagé partout avec la statue, avec l’espoir que la Vierge Marie puisse agir pour la paix», a déclaré à l’AFP Mgr Joseph Mitsuaki Takami, archevêque de Nagasaki.

«Il existe de multiples façons d’appeler à la paix — par les photos, les films ou les récits sur l’horreur de la guerre —, mais la Vierge atomisée semble avoir un pouvoir différent.»

Le paroissien Shigemi Fukahori.

Au moment du bombardement, Nagasaki abritait la plus grande communauté chrétienne du Japon. Quelque 8500 chrétiens ont été tués dans la déflagration ou des suites des radiations et des brûlures.

Alors que de nombreux survivants tentent de voir cette tragédie comme une épreuve envoyée par Dieu, leurs souffrances restent profondément ancrées dans les mémoires.

«J’étais trop triste pour pleurer, car c’était tout simplement inhumain», explique M. Fukahori, qui se trouvait à l’intérieur d’une usine lorsque le nuage atomique s’est élevé au-dessus de la ville.

«Beaucoup de survivants souffrent toujours des effets secondaires des radiations», poursuit-il. «J’espère que Nagasaki sera le dernier endroit frappé par une bombe atomique.»

Ce qui reste de Nagasaki… au fond, aux pieds des montagnes, l’église et le couvent des franciscains de Maximilien Kolbe.

De nombreux Américains restent convaincus que les deux attaques nucléaires contre Hiroshima et Nagasaki étaient nécessaires pour mettre fin à la guerre et éviter un débarquement meurtrier, mais Mgr Takami n’est pas de cet avis.

«Le Japon a tué des millions de personnes en Asie, mais cela ne signifie pas que le largage de bombes atomiques était justifié», a-t-il dit. «La simple possession d’armes nucléaires est un péché.»

 

(Cet exposé de Michel Cloutier est inspiré d’un article paru dans la  Dépêche du Midi du 9 août 2010, avec certains extraits).

Franciscain polonais, il est le bâtisseur de la Cité de l’Immaculée, à Nagasaki.

Rajmund Kolbe, en français Maximilien Marie Kolbe, né le à Zduńska Wola en Pologne et mort par injection de phénol au camp de concentration d’Auschwitz le , est un frère franciscainconventuelpolonais, qui s’est offert de mourir à la place d’un père de famille, Franciszek Gajowniczek, dans le camp de concentration nazi à Auschwitz I.

Canonisé le 10 octobre1982 par Jean-Paul II, il est vénéré dans l’Église catholique sous le nom de « saint Maximilien Kolbe » et liturgiquement commémoré le 14 août.

 

 

 

 

Les ruines de la cathédrale.

 

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La Cité de l’Immaculée n’a pas été touchée!


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