BALAYAGE NATIONALISTE AU QUÉBEC: LES LIBÉRAUX CHASSÉS DU POUVOIR

LA CAQ TRIOMPHE, LE PQ ET LE PLQ S’EFFONDRENT

REVUE DE PRESSE, LE DEVOIR

UN GOUVERNEMENT MAJORITAIRE POUR LA CAQ

Le nouveau premier ministre du Québec, François Legault, lors de son discours de victoire, lundi soir / Jacques Nadeau LE DEVOIR
À peine vingt minutes après le début de la soirée électorale, il était déjà clair que le Québec aurait un gouvernement mené par la Coalition avenir Québec. La question était: minoritaire ou majoritaire? Nous avons maintenant la réponse. Avec 74 députés à l’Assemblée nationale, le parti de François Legault a balayé le Québec — et cela, dans toutes les régions, à l’exception de Montréal. De majoritairement rouge, avec du bleu profond ou cyan par endroits, la province est passée au bleu cyan presque intégral. C’est donc dire que le vent de changement que laissaient présager les sondages aura été beaucoup plus fort que prévu.

Dans ce nouveau portrait, avec 32 députés, le Parti libéral perd pour ainsi dire la moitié de sa présence à l’Assemblée nationale. Le Parti québécois, lui, avec 9 députés, compte désormais moins de représentants que Québec solidaire, son fameux rival, qui l’a talonné en dernier sprint de campagne et compte maintenant 10 députés à Montréal, en Abitibi-Témiscamingue, à Sherbrooke et à Québec. C’est donc une Assemblée nationale complètement renouvelée qui attend les Québécois, avec un gouvernement majoritaire et un nouveau (et 32e) premier ministre: François Legault.

LE CHIFFRE
66,48%
C’est le taux de participation aux élections cette année, calculé par le Directeur général des élections à 01h40. Il s’agit d’un des taux les plus bas depuis près de 90 ans. Il faudra voir les détails du vote dans les prochains jours — ce sera révélateur, notamment chez les jeunes, qui formaient cette année le tiers de l’électorat et que le Directeur général des élections avait ciblés avec une campagne publicitaire féroce.

La Coalition avenir Québec, cette déferlante

Le nouveau premier ministre du Québec, François Legault, lors de son discours de victoire à Québec, lundi soir / Paul Chiasson LA PRESSE CANADIENNE
Aujourd’hui, aujourd’hui, on a marqué l’histoire. Aujourd’hui, il y a beaucoup de Québécois qui ont mis de côté un débat qui nous a divisés depuis 50 ans.
— FRANÇOIS LEGAULT, CHEF DE LA COALITION AVENIR QUÉBEC
On peut «maintenant» dire que la Coalition avenir Québec a vu juste avec son slogan. Cette fois, après deux tentatives infructueuses, le rendez-vous de François Legault avec le Québec s’est concrétisé: le chef caquiste a désormais en main un gouvernement majoritaire, 74 députés et la certitude d’avoir été la voix du fameux «changement». Dans son discours de victoire, le nouveau premier ministre du Québec s’est vanté d’avoir mis fin à l’alternance entre le Parti québécois et le Parti libéral, qui anime la vie politique québécoise depuis un demi-siècle. Il a lancé un appel à l’union des forces, et pas qu’une fois. «On a réussi à rassembler. C’est dans cet esprit de rassemblement que j’ai l’intention de gouverner pour tous les Québécois», a-t-il lancé, répétant la même chose en anglais.

Dans les rangs caquistes, l’atmosphère était bien évidemment à la fête: la Coalition avenir Québec a remporté 74 des 125 circonscriptions, dépassant largement le seuil de la majorité absolue à l’Assemblée nationale (63 sièges sur 125). Toutes les recrues vedettes du parti ont été élues, dont Christian Dubé (La Prairie), Éric Girard (Groulx), Danielle McCann (La Prairie), Sonia Lebel (Champlain) et Lionel Carmant (Taillon). À l’instar de la vague orange qu’avait connue Ottawa en 2015, ce raz-de-marée a été soudain, mais déterminant. François Legault a assuré qu’il n’allait pas s’asseoir sur ses lauriers, mais se «retrousser les manches» pour «bâtir un Québec plus fort, un Québec plus fier». Et cela, en travaillant avec les autres partis, comme il l’avait promis durant la campagne. Voyons voir s’il tiendra promesse.

Élus ou non?
  • Marguerite Blais, Prévost: ÉLUE
  • Éric Caire, La Peltrie: RÉÉLU
  • Youri Chassin, Saint-Jérôme: ÉLU
  • Christian Dubé, La Prairie: ÉLU
  • Pierre Fitzgibbon, Terrebonne: ÉLU
  • Ian Lafrenière, Vachon: ÉLU
  • Sonia Lebel, Champlain: ÉLUE
  • Chantal Rouleau, Pointe-aux-Trembles: ÉLUE
  • François Legault, L’Assomption: RÉÉLU
Douche froide pour le Parti libéral
Le chef libéral, Philippe Couillard, a livré son discours en compagnie de sa femme, Suzanne Pilote, dans sa circonscription de Roberval / Francis Vachon LE DEVOIR
Je ne suis pas amer, je vous demande de ne pas l’être. Je suis fier, et vous pouvez l’être aussi. Ce fut sans contredit mon plus grand honneur dans ma vie professionnelle de servir les Québécois en tant que premier ministre.
— PHILIPPE COUILLARD, CHEF DU PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC
C’est une sortie de scène assez raide que les électeurs ont réservée au Parti libéral du Québec lundi soir. Philippe Couillard a bel et bien été réélu dans sa circonscription (Roberval), mais la soirée a été, pour le reste, une douche froide pour les libéraux: avec 24,6 % des voix, le parti se dirigeait en fin de soirée vers sa pire défaite depuis 1970. La confiance affichée par le chef libéral durant la campagne n’a toutefois pas vacillé dans son discours de victoire-défaite — car c’était un peu des deux. «Je termine mon mandat de premier ministre la tête très haute, a lancé Philippe Couillard devant ses partisans quelque peu abasourdis, à Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean. Je laisse le Québec en bien meilleur état que je l’ai trouvé en 2014.» Certains diront que ce n’est pas le message que lui a lancé l’électorat.

Mais si le chef libéral a dit «accepter la responsabilité du résultat», il a tout de même annoncé qu’il allait réfléchir, dans les prochains jours, à son avenir politique. En attendant, son équipe réduite a gardé des noms phares, comme Gaétan Barrette (La Pinière), Sébastien Proulx (Matane-Matapédia) et Carlos Leitão (Robert-Baldwin). En revanche, il y a eu des coups durs, comme la perte du château fort de Châteauguay, détenu par le PLQ depuis 1985 et représenté par le vétéran Pierre Moreau, finalement passé aux mains de la CAQ. Le vent de changement a soufflé aussi en Ouataouais, en Mauricie, en Estrie, dans la région de Québec, alouette. Seul l’ouest de Montréal aura gardé, solidement, son traditionnel rouge.

Élus ou non?
  • Gaétan Barrette, La Pinière: RÉÉLU
  • Gertrude Bourdon, Jean-Lesage: DÉFAITE
  • Enrico Ciccone, Marquette: ÉLU
  • Philippe Couillard, Roberval: RÉÉLU
  • Carlos Leitão, Robert-Baldwin: RÉÉLU
  • Pierre Moreau, Châteauguay: DÉFAIT
  • Guy Ouellette, Chomedey: RÉÉLU
  • Sébastien Proulx, Jean-Talon: RÉÉLU
Débâcle historique pour le Parti québécois
Jean-François Lisée, défait dans sa circonscription, a annoncé sa démission comme chef du Parti québécois lundi soir. / Graham Hugues LA PRESSE CANADIENNE
La volonté populaire de choisir la CAQ pour déloger les libéraux était plus forte que tout. Pour l’emporter, il fallait remonter les chutes du Niagara à la rame. Et nous avons ramé à nous en arracher les mains.
— JEAN-FRANÇOIS LISÉE, CHEF DU PARTI QUÉBÉCOIS
C’est ce qu’on appelle une amère défaite pour le Parti québécois. Battu dans sa propre circonscription, mis devant des résultats désolants dans tout le Québec, au point où sa formation a perdu son statut de parti reconnu à l’Assemblée nationale, Jean-François Lisée n’a eu qu’un seul choix: quitter ses fonctions de chef. «Le verdict dans Rosemont met un terme à l’emploi le plus formidable que j’ai jamais eu, celui de chef du Parti québécois», s’est résigné Jean-François Lisée, digne, dans un discours qui signait la fin de sa carrière politique. Le plancher est en effet historique pour le Parti québécois: neuf députés élus, 17% des voix — une commotion. Le chef péquiste n’a d’ailleurs pas manqué de pointer la division de la gauche, avec Québec solidaire, et l’occasion ratée d’unir ces forces.

Si les sondages donnaient au Parti québécois des intentions de vote tout de même basses, il reste que le résultat est encore pire que prévu. Seules lumières au tableau: la victoire de Véronique Hivon dans Joliette, dans cette mer de bleu cyan dont on parlait plus tôt, et des châteaux forts maintenus dans quelques régions — dont Matane-Matapédia (Pascal Bérubé) et Jonquière (Sylvain Gaudreault). Si le Parti québécois «n’a pas su être assez au diapason de la population», comme l’a évalué Sylvain Gaudreault en cours de soirée, l’espoir de voir le parti renaître de ses cendres existe encore, à en croire Jean-François Lisée. «Tant que le Québec ne sera pas un pays, a-t-il lancé avant de quitter la scène, le Québec aura besoin du Parti québécois.»

Élus ou non?
  • Jean-Martin Aussant, Pointe-aux-Trembles: DÉFAIT
  • Catherine Fournier, Marie-Victorin: RÉÉLUE
  • Sylvain Gaudreault, Jonquière: RÉÉLU
  • Véronique Hivon, Joliette: RÉÉLUE
  • Diane Lamarre, Taillon: DÉFAITE
  • Jean-François Lisée, Rosemont: DÉFAIT
  • Nicolas Marceau, Rousseau: DÉFAIT
  • Paul St-Pierre Plamondon, Prévost: DÉFAIT
Percée inattendue pour Québec solidaire

 

Manon Massé sur la scène de l’Olympia, à Montréal, célébrant la victoire au côté de Gabriel Nadeau-Dubois, réélu dans Gouin / Marie-France Coallier LE DEVOIR
Vous avez redonné le goût au peuple québécois de se remettre en marche. Aujourd’hui, notre mouvement est plus grand, plus fort, plus résolu que jamais. Québec solidaire n’est pas le parti du Plateau Mont-Royal. Québec solidaire, c’est le parti du monde qui veulent que ça change pour vrai.
— MANON MASSÉ, CO-PORTE-PAROLE DE QUÉBEC SOLIDAIRE

 

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