LES SOUVERAINISTES DU QUÉBEC RECONNAISSENT L’INDÉPENDANCE DE LA CATALOGNE

Journée historique: la Catalogne libre provoque le rejet hypocrite des autres nations du monde

Pourquoi? La France et le Royaume-Uni craignent, pour leur part la sécession de la Corse et de l’Écosse… bien que la France soutient depuis 1980 un éventuel Québec indépendant.

L’euphorie! La déclaration de l’indépendance de la Catalogne est soulignée par toutes les générations de catalans.

MAIS SANS TARDER, AU QUÉBEC, cet État-nation francophone d’Amérique, le Parti québécois et Québec solidaire ont vite reconnu (vendredi matin)  et appuyé l’indépendance de la Catalogne, appelant du même souffle la communauté internationale à faire de même. Mais, froidement, le Canada anglophone préfère l’unité espagnole, de répondre Trudeau.

«Tout a été fait dans les règles de l’art. Il n’y a aucune raison de ne pas reconnaître l’État de la Catalogne», croit Stéphane Bergeron, critique du Parti québécois en matière de relations internationales. Selon lui, les démocraties occidentales qui se rangent encore une fois derrière l’Espagne font preuve de «mauvaise foi» et vont à l’encontre du droit à l’autodétermination des peuples. 

Stéphane Bergeron (gauche) et Jean-François Lysée du Parti Québécois à l’Assemblée nationale du Québec.

M. Bergeron analyse que le silence de la communauté internationale depuis le référendum du 1er octobre a permis à Mariano Rajoy, le président de l’Espagne, de penser qu’il «avait carte blanche». Il a depuis adopté la ligne dure face aux Catalans, en mettant sous tutelle la région et en destituant les élus de ce parlement régional. «Il est encore temps d’espérer que la communauté internationale va se ressaisir […]pour éviter une détérioration de la situation en Catalogne.»

Le député Bergeron est persuadé qu’à terme, la Catalogne sera reconnue comme un pays indépendant.

«Une telle reconnaissance pourrait prendre un certain temps, ça pourrait se faire par étapes», évoque-t-il. Mais comme l’Espagne a «mal manœuvré» depuis le départ, «il est maintenant trop tard pour envisager un autre scénario que l’indépendance», croit-il.

Le choc frontal: Les chefs des gouvernements espagnol Mariano Rajoy (gauche) et catalan Carles Puigdemont, le 20 août 2017 à Barcelone. Photo: © afp.

Chez Québec solidaire, la co-chef Manon Massé se réjouit du résultat du vote parlementaire et invite les Catalans à faire preuve de «courage» au cours des prochains jours. «J’implore Madrid d’arrêter d’utiliser la violence politique.»

Selon Mme Massé, le gouvernement catalan n’a pas à se reprocher d’arriver avec ce moyen ultime. Car au cours des derniers mois, les dirigeants «ont essayé la voie de la discussion, du dialogue, de la négociation. S’il y a quelqu’un qui a des doigts à se mordre, c’est Madrid».

La Coalition avenir Québec n’a pas réagi vendredi à la déclaration d’indépendance de la Catalogne.

(Écrit par Patricia Cloutier, Le Soleil, Québec — Revue de presse)

 

Le président Carles Puigdemont de la Catalogne. libre.

Le président catalan destitué Carles Puigdemont a poussé encore plus loin (hier, samedi) son bras de fer avec Madrid, appelant ses partisans à s’opposer pacifiquement à la reprise en main de la région, au lendemain de sa déclaration d’indépendance.

«Nous sommes certains que la meilleure manière de défendre les victoires obtenues jusqu’à ce jour est l’opposition démocratique à l’application de l’article 155» de la Constitution espagnole, utilisée par Madrid pour prendre le contrôle de la Catalogne, a déclaré M. Puigdemont dans un discours télévisé.

Le dirigeant séparatiste n’a pas précisé de quelle manière cette opposition doit se manifester. Mais depuis plusieurs jours, des Comités de défense de la République issus des quartiers appellent à la «résistance pacifique» des Catalans contre la tutelle de l’État.

Dans un décor composé d’un drapeau catalan et d’un drapeau européen, l’indépendantiste a affirmé que la destitution de son gouvernement et la dissolution du parlement régional décidées vendredi par Madrid étaient «contraires à la volonté des citoyens» de Catalogne. Il a promis de continuer à «oeuvrer pour construire un pays libre», de manière «pacifique».

La version écrite de son discours est d’ailleurs signée «Carles Puigdemont, président de la Generalitat (gouvernement) de Catalogne», laissant entendre qu’il n’accepte pas sa destitution. Dans sa conclusion, il promet d’oeuvrer pour la «reconnaissance mutuelle» avec les peuples d’Espagne, sur un pied d’égalité.

Pendant ce temps, le gouvernement espagnol, qui a refusé de commenter les déclarations du chef de file indépendantiste «démis de toutes ses fonctions», cherchait à reprendre en main la Catalogne, moins de 24 heures après la proclamation d’indépendance.

La région est désormais dirigée directement par la numéro 2 du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria.

Une des premières décisions a été la prise de contrôle de la police catalane, dont l’emblématique chef Josep Lluis Trapero a été remplacé par son adjoint.

Selon la presse, près de 150 hauts responsables de l’administration catalane seront démis de leurs fonctions.

Samedi, le calme régnait dans les rues de Barcelone. La sécurité avait été drastiquement renforcée aux abords du siège de la police nationale, l’un des symboles de l’État central en Catalogne.

À Madrid, quelques milliers de personnes se sont rassemblées pour défendre l’unité de l’Espagne, brandissant des drapeaux espagnols.

La mise sous tutelle de la Catalogne, au titre d’un article de la Constitution jamais utilisé auparavant, a été enclenchée quelques heures après la proclamation vendredi, par le parlement catalan, de «la République catalane».

Le chef du gouvernement conservateur espagnol Mariano Rajoy a convoqué des élections dans la région pour le 21 décembre, présentées comme un moyen de sortir l’Espagne de sa pire crise politique depuis son retour à la démocratie en 1977.

«Ce que nous voulons, c’est l’interdiction des partis sécessionnistes. Car s’ils se présentent de nouveau aux élections, ils dirigeront la Catalogne et tout recommencera», affirmait une manifestante opposée aux indépendantistes à Madrid, Candida Jimenez, ancienne fonctionnaire de la police municipale, munie d’une banderole «Non à l’impunité des putschistes».

Convoquer des élections «est une honte. C’est prolonger le problème de deux mois», estimait Carlos Fernandez, 41 ans.

À Barcelone, l’inquiétude était dans l’air. «Je suis triste et j’ai un peu peur en même temps. Il faut voir où ira la situation politique, mais aussi économique», confiait Marta Gonzalez Corro, médecin de 50 ans.

Près de 1 700 entreprises ont transféré leur siège social hors de Catalogne depuis le 1er octobre, et la croissance de l’Espagne comme de la région, qui représente 19% du PIB du pays, pourraient en souffrir.

Toutes les grandes capitales occidentales ont annoncé leur soutien à l’unité de l’Espagne, mais le président du Conseil européen Donald Tusk a appelé Madrid à choisir «la force de l’argument plutôt que l’argument de la force», alors que beaucoup craignent que la Catalogne ne soit entraînée dans une spirale de troubles.

La réponse du gouvernement permet de «donner la parole aux citoyens, avec les garanties démocratiques», a déclaré le numéro 2 du Parti populaire de Mariano Rajoy, Javier Maroto.

Lors des dernières élections régionales, en 2015, l’ensemble des formations prosécession -de l’extrême gauche au centre droit- avait obtenu 47,8% des suffrages, mais une majorité en sièges au parlement catalan.

La résolution déclarant l’indépendance a été adoptée vendredi par 70 voix pour (sur 135 députés), en l’absence de la plus grande partie de l’opposition.

L’indépendantisme avait tout particulièrement commencé à prospérer quand le parti de M. Rajoy avait obtenu en 2010, de la Cour constitutionnelle, qu’elle ampute largement un statut conférant de plus larges pouvoirs à la Catalogne.

Le gouvernement espagnol poursuivait samedi la prise de contrôle de la Catalogne avec la destitution du chef de la police, au lendemain de la déclaration d’indépendance proclamée par le parlement régional qui a provoqué la fureur de Madrid et un large rejet en Europe.

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Samedi matin, le drapeau espagnol continuait de flotter aux côtés du drapeau catalan sur le palais du gouvernement régional à Barcelone. Dans la ville, la nuit a été éclairée par les feux d’artifice des indépendantistes.

Mais dès l’aube, la destitution du chef de la police catalane, l’emblématique Josep Lluis Trapero, déjà sous le coup d’une enquête pour «sédition», a été annoncée au journal officiel.

Le document annonce aussi que le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy et sa numéro deux Soraya Saenz de Santamaria prennent directement les rênes de l’exécutif catalan, en remplacement du président indépendantiste Carles Puigdemont et de son numéro deux Oriol Junqueras, destitués vendredi soir avec leur équipe.

Ces mesures exceptionnelles font partie de l’arsenal, préparé depuis des semaines, que le gouvernement espagnol a commencé à mettre en application quelques heures seulement après la proclamation par le parlement catalan de «la République catalane, État indépendant et souverain».

À l’issue d’un conseil des ministres extraordinaire, le dirigeant conservateur Mariano Rajoy a annoncé dès vendredi soir la destitution de l’exécutif catalan, provoquant des huées chez les manifestants indépendantistes réunis dans plusieurs villes catalanes.

Le parlement régional, dominé par les séparatistes, a été dissous, et des élections convoquées pour le 21 décembre.

Soraya Saenz de Santamaria, doit réunir dans la journée les secrétaires d’État qui seront chargés d’assurer les fonctions des dirigeants catalans.

Selon la presse, près de 150 hauts responsables de l’administration catalane seront démis de leurs fonctions.

À la mi-journée, à Madrid, ce sera au tour des partisans du maintien de la Catalogne en Espagne de manifester: deux camps diamétralement opposés, symbole de cette crise sans précédent pour l’Espagne depuis son retour dans le camp de la démocratie, en 1977.

Les conséquences de la déclaration d’indépendance unilatérale de la Catalogne, territoire grand comme la Belgique où vivent 16% des Espagnols, sont incalculables, tout comme celles de la mise sous tutelle par Madrid.

Signe de l’inquiétude en Europe, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker (conservateur du Parti populaire européen) a souligné vendredi que l’UE n’a «pas besoin d’autres fissures».

Washington, Londres, Berlin, Ottawa ou encore Paris ont de même immédiatement fait savoir qu’ils soutenaient l’unité de l’Espagne.

Cependant, le président du Conseil européen Donald Tusk a appelé Madrid à choisir «la force de l’argument plutôt que l’argument de la force», alors que beaucoup craignent que la Catalogne ne soit entraînée dans une spirale de troubles face à la tentative de reprise en main par l’État.

«Le gouvernement a adopté ces mesures pour éviter la prise en otage inadmissible d’une majorité des Catalans et le vol d’une partie du territoire au reste des Espagnols», a plaidé M. Rajoy.

Le petit parti d’extrême gauche indépendantiste CUP, qui avait résolument poussé à une proclamation immédiate de l’indépendance, a annoncé dans un tweet: «Nous continuerons à construire la République! Nous ne nous soumettrons ni à l’autoritarisme de Rajoy, ni à l’article 155» de la Constitution sur lequel le gouvernement espagnol se base pour mettre la région sous tutelle.

Relevé de ses fonctions par Madrid, le président catalan Carles Puigdemont ne s’est pas exprimé depuis l’annonce officielle de sa destitution. Le parquet général d’Espagne avait déjà annoncé qu’il engagerait la semaine prochaine une procédure judiciaire pour «rébellion» contre M. Puigdemont, qui risque la prison.

Exprimant le désarroi d’une partie de ses administrés, la maire de gauche de Barcelone, Ada Colau, a diffusé un message amer, rejetant une déclaration d’indépendance «qui n’a pas le soutien majoritaire des Catalans», tout en accusant Madrid d’avoir été «incapable d’écouter et de gouverner pour tous».

Lors des dernières élections régionales, en 2015, l’ensemble des formations prosécession -de l’extrême gauche au centre droit- n’avaient obtenu que 47,8% des suffrages, mais une majorité en sièges au parlement catalan. La résolution déclarant l’indépendance a été adoptée vendredi par 70 voix pour (sur 135 députés), en l’absence de la plus grande partie de l’opposition, qui avait quitté l’hémicycle.

L’indépendantisme avait tout particulièrement commencé à prospérer quand le parti de M. Rajoy avait obtenu en 2010, de la Cour constitutionnelle, qu’elle ampute largement un statut conférant de plus larges pouvoirs à la région.

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