TRAFIC D’INFLUENCE, PATRONAGE, CORRUPTION:
LES LIBÉRAUX DU QUÉBEC DANS DE SALES DRAPS!
Sam Hamad quitte son poste au Conseil du Trésor
le temps de l’enquête
Par MICHEL CLOUTIER
QUÉBEC PRESSE — QUÉBEC, le samedi 2 avril 2016
Dur coup pour les libéraux du Québec: »Le parti libéral est un parti de pourris! », s’est indigné, hors micro, le ton outragé, François Legault, le chef caquiste (Coalition Avenir Québec CAQ), à l’Assemblée nationale, mercredi.
Devenu agressif, le ton s’est dramatisé lorsqu’il fut question de l’inquiétant financement politique des libéraux et de l’arrestation de l’ex-ministre libérale Nathalie Normandeau et vice-première ministre, accusée de corruption, notamment, avec deux complices de sa formation.
Et ce midi (samedi 2 avril), à la suite à cette série d’attaques et d’une retentissante enquête journalistique de l’émission Enquête de la télé de Radio-Canada sur Sam Hamad, ce dernier annonçait (sans être présent en point de presse), par l’entremise du premier ministre Philippe Couillard, qu’il quittait son poste au Conseil du Trésor, le temps de l’enquête du Commissaire à l’éthique et à la déontologie.
—REVUE DE PRESSE (La Presse, Montréal) —
En marge d’un échange corsé entre la députée caquiste Nathalie Roy et le ministre Jean-Marc Fournier en Chambre, François Legault a lancé, hors micro: «c’est un parti de pourris!».
Un million de dollars «d’argent sale»
Plus tôt mercredi, M. Legault a demandé au premier ministre de rembourser le million de dollars «d’argent sale» récolté par l’ex-ministre libérale Nathalie Normandeau durant son passage en politique.
Le chef caquiste craint que ce magot serve à financer la prochaine élection du Parti libéral du Québec. «Le PLQ pourrait faire la prochaine campagne électorale, en 2018, dans deux ans, avec de l’argent sale!, a-t-il déploré mercredi. C’est totalement inacceptable.»
Entre 1998 et 2011, Mme Normandeau a recueilli 980 245 $ en dons politiques, selon une compilation déposée à la commission Charbonneau. La majorité de cette cagnotte – 746 384$ – provenait de contributions récoltées à l’extérieur de sa circonscription de Bonaventure.
«C’est Philippe Couillard le chef du PLQ, c’est donc lui qui devient aujourd’hui le responsable de l’argent sale du PLQ», soutient le chef de la Coalition avenir Québec.
Président de l’Assemblée nationale
François Legault s’interroge également sur les interventions du président de l’Assemblée nationale, le libéral Jacques Chagnon, quand il est question de Nathalie Normandeau en Chambre.
Le chef caquiste s’est dit «surpris» de l’attitude de M. Chagnon, qui interrompt les députés caquistes, péquistes et solidaires lorsqu’ils questionnent le gouvernement sur l’arrestation de l’ex-vice première ministre.
Une préoccupation que partagent les députés de Québec solidaire, qui estiment que le président de l’Assemblée est trop «restrictif» dans son application des règlements.
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MONTRÉAL, QUÉBEC — Sam Hamad, président du Conseil du Trésor du Québec (gouvernement libéral fédéraliste) quitte temporairement le conseil des ministres, vient d’annoncer le premier ministre Philippe Couillard.
À sa sortie des funérailles de Claire Kirkland Casgrain, M. Couillard a déclaré que son ministre avait lui-même choisi de se retirer temporairement de ses fonctions pendant la durée de l’enquête du Commissaire à l’éthique et à la déontologie.
Il a précisé que M. Hamad « conserve son statut », mais qu’il ne siégerait pas au Conseil des ministres le temps que le Commissaire fasse la lumière sur les allégations de l’émission « Enquête ».
M. Couillard a précisé que la situation de M. Hamad serait comparable à un ministre qui prend un congé de maladie « parce qu’il n’est pas coupable de quoi que ce soit ».
« Enquête » a révélé jeudi dernier que le ministre du Développement économique à l’époque, Sam Hamad, et l’ex-ministre et ancien collecteur de fonds libéral Marc-Yvan Côté dans auraient pu influencer l’octroi d’une subvention à une entreprise de Rivière-du-Loup, Premier Tech, en mai 2012.
Pressé par l’opposition et à la demande de M. Hamad, le Commissaire a déclenché une enquête sur le sujet, vendredi.
Le premier ministre Couillard ne semble pas avoir été ébranlé par les allégations, réitérant sa confiance envers son ministre. « J’ai regardé le cas de cette entreprise et l’aide financière qu’elle a reçue et franchement, il n’y a pas un gouvernement qui n’aurait pas procédé à cette aide-là », a-t-il tranché.
Dans un communiqué publié tout juste après l’annonce du premier ministre, Sam Hamad a une fois de plus défendu son intégrité, ajoutant qu’il n’avait fait que son travail de ministre « en travaillant à soutenir une entreprise québécoise ».
« Par respect pour la charge publique que j’occupe, par respect pour nos institutions et afin d’éviter toute distraction à la poursuite du mandat gouvernemental, j’ai offert au premier ministre de ne plus assumer mes fonctions pendant la vérification du Commissaire », a-t-il expliqué.
L’opposition reste sur sa faim
Les chefs de l’opposition qui étaient également aux funérailles de Mme Kirkland-Casgrain croient que M. Couillard aurait dû aller plus loin.
« C’était la seule et unique décision qui devait être prise. Ce qui est quand même surprenant, c’est que ça a pris 48 heures pour que cette décision soit prise », a soutenu le chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau. Il croit toutefois que M. Hamad aurait dû se retirer complètement du caucus libéral.
La coporte-parole de Québec solidaire, Françoise David, estime qu’il s’agit d’un « début de bonne décision ».
« Il va falloir aller plus loin (…) M. Couillard est un peu rapide à donner sa confiance, il me semble que M. Couillard devrait être ébranlé », a lancé Mme David.
« J’invite M. Couillard très sérieusement à regarder l’ensemble du comportement de ses ministres, surtout ceux qui étaient là dans les années 1990-2000, peut-être que M. Couillard aimerait mieux ne pas avoir d’autres grosses surprises. Je pense qu’il y a un ménage à faire », a-t-elle ajouté.
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Le premier ministre a salué le « geste noble et courageux » de Sam Hamad et a réitéré à maintes reprises sa confiance à l’endroit de son allié politique de longue date. « Je connais Sam Hamad, j’ai confiance en Sam Hamad, j’ai confiance en son intégrité, j’ai confiance dans sa capacité de servir le Québec et cette confiance n’est pas du tout diminuée, même par les évènements des derniers jours », a-t-il déclaré en mêlée de presse en insistant sur l’aspect « temporaire » du retrait de Sam Hamad.
Selon Philippe Couillard, le retrait de Sam Hamad s’apparente à un retrait pour des raisons de maladie, à l’instar de la vice-première ministre Lise Thériault récemment. « Il garde son statut parce qu’il n’est pas reconnu coupable de quoi que ce soit. Parce que dans le climat actuel, par respect pour les institutions, et encore une fois de façon très noble, M. Hamad a choisi de se retirer temporairement », a-t-il ajouté.
Le premier ministre a « confiance » que l’enquête du Commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale Jacques Saint-Laurent démontrera l’« intégrité » de Sam Hamad. « J’ai regardé le cas de cette entreprise et l’aide financière qu’elle a reçue. Franchement, il n’y a pas un gouvernement qui n’aurait pas procédé à cette aide-là, avec le fédéral. Ça me semble assez caractéristique de ce qu’on fait souvent au Québec, toutes les semaines, avec des entreprises », a défendu Philippe Couillard.
Des courriels dévoilés par l’émission Enquête semblent démontrer que Sam Hamad aurait fourni des informations privilégiées à Marc-Yvan Côté, vice-président du conseil d’administration de l’entreprise de Rivière-du-Loup Premier Tech, en 2010 et 2012. Selon ces échanges de courriel entre l’ex-ministre libéral Marc-Yvan Côté, arrêté il y a deux semaines pour fraude et corruption, et d’autres dirigeants de Premier Tech, Sam Hamad aurait multiplié les démarches auprès de ses collègues ministres pour aider l’entreprise à recevoir des fonds publics. Les dirigeants et administrateurs de Premier Tech auraient versé 20 000 $ à la caisse du Parti libéral du Québec de 2008 à 2012 selon Radio-Canada.
Le remplaçant de Sam Hamad au Conseil du trésor sera annoncé « aujourd’hui ou demain », a précisé Philippe Couillard. Un ministre actuel prendra en charge cette nouvelle fonction.
Sam Hamad a pris la « seule et unique décision » possible a déclaré le chef du Parti québécois
Pierre Karl Péladeau, en mêlée de presse devant la cathédrale Marie-Reine-du-Monde. « Ce qui est quand même surprenant, c’est que ça a pris 48 heures pour prendre cette décision. Ça soulève de très nombreuses interrogations et plusieurs ramifications dans cette transaction », a affirmé M. Péladeau.
Selon le chef de l’opposition officielle, Sam Hamad devrait carrément se retirer du caucus libéral « comme l’ont fait d’anciens membres du caucus sous l’ancien gouvernement libéral ». Il juge également « assez boiteuse » la comparaison effectuée par M. Couillard entre le retrait pour maladie de Lise Thériault et celui de Sam Hamad pendant l’enquête.
Daoust doit s’expliquer selon Péladeau
Le ministre des Transports Jacques Daoust était président d’Investissement Québec en 2010, alors que Premier Tech tentait d’obtenir une importante subvention de la société d’État. Selon un courriel écrit par Marc-Yvan Côté obtenu par Radio-Canada, Sam Hamad, alors ministre du Travail, se serait entretenu avec M. Daoust à ce sujet.
« [M. Daoust] a certainement des explications à donner, mais à chaque fois que nous lui posons des questions, il n’est jamais au courant de rien. On se pose la question: que faisait-il comme président d’Investissement Québec s’il n’est au courant de rien? Il va falloir que ce soit dit et fait », a maintenu Pierre Karl Péladeau.
La porte-parole parlementaire de Québec solidaire Françoise David juge que Philippe Couillard aurait dû exclure Sam Hamad du conseil des ministres, puisque sa situation n’a rien à voir avec le cas de Lise Thériault qui a pris « un vrai congé maladie ». « C’est difficile de ne pas croire qu’il y a eu abus, trafic d’influence, conflit d’intérêts. Je pense que la décision d’aujourd’hui est un début de bonne décision, mais il va falloir aller plus loin », a déclaré la députée de Gouin.
Selon Françoise David, il est évident que nouvelles révélations touchant le Parti libéral vont éclater au grand jour dans les prochains mois. « Qui ne s’y attend pas? Sincèrement dans les prochains mois, je ne sais pas qui ça touchera. Et on le sait, Québec solidaire l’a démontré par plusieurs recherches, on sait que c’était une culture, que c’était des pratiques généralisées ».
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