Par MICHEL CLOUTIER
Journaliste, écrivain, fondateur du journal électronique Québec-Presse.

L’effronté Donald Trump. N’ayant honte de rien, il cultive l’insolence dans ses discours.
MONTRÉAL, QUÉBEC — L’incroyable et fort intimidant effet de la présidence de Donald Trump, soulève massivement la défiance dans le monde démocratique avec ses marées de manifestants dans plus de 600 villes du monde dont Montréal, depuis la journée et la nuit de son investiture à Washington, ce vendredi 20 janvier (devant quelque 800,000 personnes en liesse) sans compter les milliers d’autres protestataires anti-Trump cette-fois-ci, repoussés par des gaz dans les rues adjacentes à l’esplanade du Capitole.

Ce titre a fait le tour du monde.
Impétueux de nature,Trump s’active déjà en mettant fin, hier, à la participation des États-Unis au traité de libre-échange transpacifique (TPP). Pour sa part, la Chine communiste s’inquiète, reste sur ses gardes devant un Trump qui ne manque pas de souffle ni de débordement diplomatique en bousculant dans un geste impérial les règles actuelles pour affirmer non sans fureur, la primauté absolue américaine dans les prochains échanges commerciaux mondiaux. »L’Amérique d’abord! », martelle-t-il depuis son ascension à la Maison-Blanche. Ce qui va accroître la densité dramatique des pourparlers, notamment du côté des chinois en les heurtant dans leur expansion économique. Des échanges en crise sont à prévoir.
REVUE DE PRESSE par l’Agence France Presse
Paris (AFP) – L’élection de Donald Trump à la Maison- Blanche a été accueillie mercredi avec inquiétude et souvent froideur dans le monde, la Russie de Vladimir Poutine et les populistes européens s’en félicitant de leur côté.
Cette victoire « ne me réjouit pas » mais, « librement élu », M. Trump a droit « à ce qu’on lui donne une chance », a observé le président du Parlement européen, Martin Schulz.

Le président du Parlement européen, Martin Schulz.
Le président français François Hollande l’a félicité formellement tout en relevant que cette élection ouvrait « une période d’incertitude ». Il a appelé l’Europe à resserrer les rangs, après les réactions enthousiastes du Premier ministre hongrois Viktor Orban, populiste de droite.
La chef de file de l’extrême droite française, Marine Le Pen, qui a toutes les chances d’être au deuxième tour de la présidentielle de 2017, s’est félicitée d’une « bonne nouvelle ».
Vladimir Poutine, dont le pays entretient les pires relations avec les Etats-Unis depuis la guerre froide, et sur lequel M. Trump avait tenu des propos élogieux, l’a félicité – tout comme son homologue chinois Xi Jinping – et s’est dit « certain qu’un dialogue constructif sera établi » désormais avec Washington.

Mikhaïl Gorbatchev.
L’ancien président soviétique et père de la Perestroïka Mikhaïl Gorbatchev a abondé dans ce sens, alors que le président ukrainien Petro Porochenko appelait au contraire M. Trump à continuer de lui apporter un soutien dans « la lutte contre l’agression russe ».
La chancelière allemande Angela Merkel a averti Donald Trump qu’une future « coopération étroite » entre leurs deux pays devrait se fonder sur les valeurs communes démocratiques et rappelé au président élu sa « responsabilité » au niveau mondial.
Une réunion spéciale des ministres des Affaires étrangères de l’UE a été convoquée dimanche à Bruxelles.
– Turbulences sur les marchés –
Sur plusieurs continents, des dirigeants ont ravalé leurs critiques pour des félicitations prudentes, à l’instar du Premier ministre canadien Justin Trudeau qui s’est dit « impatient de travailler de très près » avec M. Trump.
« Je suis sûr que tout ira bien », a affirmé le président conservateur du Brésil, Michel Temer.
Son homologue vénézuélien Nicolas Maduro, dont le pays est en froid avec les Etats-Unis, a plaidé pour un « programme de travail positif » avec M. Trump.
En première ligne alors que Donald Trump a annoncé vouloir créer un mur à sa frontière sud financé par Mexico, le président mexicain Pena Nieto s’est borné à se dire « prêt à travailler » avec le nouveau président élu.
Le Vatican, par la voix de son n°2, Mgr Pietro Parolin, l’a assuré de ses prières « afin que le Seigneur l’illumine et le soutienne au service de sa patrie, naturellement, mais aussi au service du bien-être et de la paix dans le monde ».
Dans les médias, le sentiment prédominant est l’inquiétude face à l’accession au pouvoir, dès janvier, d’un milliardaire populiste sans expérience politique.
« J’ai très peur. Va-t-il y avoir d’autres guerres? L’Amérique va-t-elle attaquer les musulmans? », s’interrogeait une militante indonésienne, Alijah Diete, faisant écho à des craintes ressenties dans le monde musulman. L’organisation Amnesty International a exhorté le futur président à abandonner sa réthorique « venimeuse ».
Mals à l’aide avec l’incertitude, les marchés boursiers ont plié sans rompre. Certains se sont affolés (Tokyo, Mexico…) mais la sérénité a ensuite repris le dessus, notamment en Europe.
– ‘Environnement sécuritaire difficile’ –
En Russie, ces marchés ont progressé, à la faveur des espoirs d’un réchauffement des relations et d’une levée des sanctions imposées après l’annexion de la Crimée en 2014.
En Asie, les craintes portent sur l’économie. « Si les Etats-Unis, qui sont le moteur de l’économie mondiale, commencent à ériger des barrières, cela ne pourra que nuire à l’économie mondiale », résume Clarita Carlos, professeure de sciences politiques à l’Université des Philippines.
Le patron du Nasdaq, l’indice boursier américain à dominante technologique, a fait écho à cette inquiétude, soulignant que le monde des affaires devait faire « un meilleur boulot » pour promouvoir les bienfaits de la mondialisation.
Pour le Premier ministre japonais Shinzo Abe, l’alliance avec Washington restera intacte car « la région Asie-Pacifique » est « la force vive de l’économie mondiale ».
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LE JOURNAL DE MONTRÉAL, le lundi 23 janvier 2017è
WASHINGTON –Le président américain Donald Trump a signé lundi dans le Bureau ovale un document mettant fin à la participation des États-Unis au traité de libre-échange transpacifique (TPP), âprement négocié pendant des années par l’administration Obama.
Ce traité, vu comme un contrepoids à l’influence grandissante de la Chine, a été signé en 2015 par 12 pays d’Asie-Pacifique représentant 40 % de l’économie mondiale, mais n’est pas encore entré en vigueur.
«Nous en parlions depuis longtemps», a-t-il déclaré aux journalistes présents lors de la signature, jugeant que cette décision était «une bonne chose pour le travailleur américain».
Durant sa campagne, Donald Trump avait dénoncé un accord «terrible» et promis de s’en retirer au plus vite.
L’administration Obama le présentait au contraire comme le nec plus ultra de tous les traités de libre-échange, car cet accord va bien au-delà de la simple levée des barrières douanières.
De nombreuses ONG dénonçaient cependant les effets pervers d’un texte jugé opaque sur les droits des travailleurs, l’environnement, la perte de souveraineté ou encore l’accès aux médicaments.
Le premier ministre japonais Shinzo Abe, grand défenseur de l’accord, avait reconnu fin 2016 que le TPP sans les États-Unis «n’aurait pas de sens».
Le traité a été signé par 12 pays: Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, États-Unis et Vietnam.
Changement de cap amorcé
En se retirant du TPP, Donald Trump porte un coup d’arrêt au libre-échange commercial traditionnellement défendu par les États-Unis et amorce un changement de cap qui pourrait laisser le champ libre à la Chine.
Cette première grande décision économique de son mandat était attendue. Pendant sa campagne, le candidat républicain n’a cessé de dénoncer cet accord abolissant les barrières douanières et réglementaires entre les États-Unis et 11 pays de la région Asie-Pacifique, et auquel la Chine n’était pas associée.
«Le TPP est un accord horrible. Il ne nous apportera que des ennuis», avait notamment lancé M. Trump assurant que ce traité, qui était en attente de ratification au Congrès, accélérerait les délocalisations.
Élu sur la promesse de ramener des emplois sur le sol américain, le nouveau président ne compte pas s’arrêter là et il a promis dimanche de renégocier l’accord de libre-échange ALÉNA alliant depuis 1994 États-Unis, Mexique et Canada, et il a accusé de précipiter la désindustrialisation aux États-Unis.
Traditionnel défenseur du libre-échange sous des administrations démocrates comme républicaines, les États-Unis s’engagent donc, sous l’impulsion de leur nouveau président, dans un changement de cap radical.
«La libéralisation régionale des échanges associant les États-Unis est morte», affirme à l’AFP Edward Alden, expert au Council on Foreign Relations.
Selon lui, l’administration Trump est persuadée que les États-Unis «se font toujours avoir dans les grandes négociations multilatérales» et privilégiera désormais des accords bilatéraux de moindre ampleur.
Le TTIP menacé
Déjà dans les limbes, l’accord de libre-échange TTIP négocié depuis 2013 entre les États-Unis et l’Union européenne pourrait donc bien être la prochaine victime sur la liste.
Grand critique de la construction européenne, M. Trump semble se désintéresser totalement de ce traité et ne cache pas son souhait de négocier en priorité un accord bilatéral avec le Royaume-Uni afin de faire du Brexit un «succès».
Signe qui ne trompe pas, la première ministre britannique Theresa May sera, vendredi, la première dirigeante étrangère à venir rencontrer le président Trump à Washington.
Portée par un cabinet aux forts penchants protectionnistes, la nouvelle administration américaine pourrait aller encore plus loin en imposant des taxes frontalières, mettant ainsi à exécution une menace maintes fois agitée par M. Trump.
«Ce serait un immense revirement par rapport à la politique américaine des 50 dernières années», affirme à l’AFP Barry Bosworth, expert au Brookings Institute.
Ce recalibrage américain, et plus spécifiquement l’abandon du TPP, n’est toutefois pas sans risques pour la nouvelle administration et pourrait paradoxalement conduire à renforcer la Chine.
Selon ses promoteurs, le TPP aurait ainsi permis de faire contrepoids à l’influence grandissante de la Chine et de la contraindre à se plier à des pratiques commerciales plus équitables pour ne pas être délaissée par les investisseurs.
L’abandon pur et simple du TPP «va consolider le statut de la Chine comme le seul acteur dominant en Asie dans le commerce», estime M. Alden, selon qui les États-Unis ont ainsi détruit «leur meilleur moyen de pression» sur Pékin.
La deuxième puissance économique mondiale, que M. Trump menace de représailles commerciales, pourrait même en profiter pour tenter de combler le vide laissé par les Américains.
Lors du récent forum de Davos, le président chinois Xi Jinping s’est posé en champion du commerce international en plaidant pour le «développement du libre-échange».
Tablant sur l’échec du TPP, Pékin fait d’ailleurs depuis plusieurs mois la promotion de ses propres accords de libre-échange (FTAAP pour le bassin Asie-Pacifique et RCEP en Asie orientale).
Sur la scène intérieure, le recalibrage américain amorcé par le président Trump promet en tout cas de continuer à brouiller les règles du jeu politique, comme il l’a fait pendant sa campagne.
Le TPP était ainsi défendu en chœur par les élus républicains au Congrès et les milieux d’affaires, grands défenseurs du libre-échange, et était farouchement combattu par les syndicats et les ONG environnementales et sociales… qui ont pourtant appelé à défiler contre M. Trump pendant les grands rassemblements de ce week-end.
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