LA BAIE JAMES À CIEL OUVERT ET À COEUR OUVERT

DOSSIER COMPLET en 3 parties

Par André PERREAULT, de Shawinigan, Québec. Chroniqueur au magazine électronique QUÉBEC PRESSE

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BAIE-JAMES, (en Jamésie) QUÉBEC, JUIN 2016

 

NDLR: Ce passage remarquable de corps et d’âme d’André Perreault à la Baie James, nous plonge dans l’ivresse et le vertige. La démesure s’articule à même le gigantisme de ce chantier implanté par l’homme dans l’art de soumettre les forces de la nature, soumises aux barrages hydroélectriques… à vous dresser les cheveux!        

Deux séjours de voyage à Radisson en Jamésie (Baie James) me permettent de confirmer que ce coin de pays, aussi vaste que le territoire de l’Allemagne, est la patrie de la démesure qui rassemble dans l’harmonie trois nations distinctes: les Inuits, les Cris, les Québécois.

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Ma première odyssée en avion, sur les ailes d’Air Inuit, du 28 novembre au 1er décembre 2014, m’aura fait prendre conscience du gigantisme du territoire, de ses 13 barrages hydroélectriques, de ses 325 digues, de son réseau de distribution électrique. Mon second voyage en automobile, du 28 juin au 8 juillet 2015, m’aura permis de découvrir l’ampleur du projet du siècle, l’aménagement du Complexe La Grande qui s’étale sur 800 kms, qui fut le plus grand chantier du monde durant près de 25 ans, qui aura coûté 18 milliards et de 6 milliards additionnels pour son réseau de haute tension.

Ce complexe, source d’énergie renouvelable et non polluante, fournit plus de la moitié de la capacité de production d’Hydro-Québec. LG2 est la plus grande centrale souterraine du monde, l’une des « merveilles du monde », dont tous les québécois se doivent d’être fiers et de découvrir toute la majesté d’un semblable aménagement, l’objet de ce présent reportage. Ce partage m’est rendu possible grâce à ma fille Annie Perreault qui enseigne à Radisson et envers qui je voue fierté, admiration, ma plus grande affection, sans omettre une certaine convoitise.

Robert Bourassa, le père de la Baie James

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Toute cette richesse collective et cette renommée planétaire nous les devons à un politicien audacieux et conquérant, Robert Bourassa, surnommé le père de la Baie James. Il aura fallu plus de 6000 personnes de toute spécialité et de toute affectation pour ériger la Centrale Robert Bourassa (LG2). Sa salle de machine de quatre étages s’étend sur 483 mètres, plus longue que cinq terrains de soccer, plus haute qu’un immeuble de 53 étages dépassant tous les gratte-ciels de Montréal dont celui de Place Ville-Marie (43 étages). Cette centrale est nichée à 137 mètres sous terre, dans les profondeurs du Bouclier Canadien. Quel projet à caractère social, environnemental et économique pour notre nation québécoise.

L’impérial aménagement en image

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Les caribous traversent sans inquiétude l’unique et interminable  route asphaltée de la Baie James.

Pour mieux comprendre cette excessive réalisation, il faut procéder par analogie, par des rapports de ressemblance entre deux choses. Par exemple, la superficie du réservoir est de 2835 km2 soit trois fois la superficie de la mer intérieure d’eau douce qu’est le Lac St-Jean. Signalons que le volume de remblai du barrage est de 23 millions de mètres cubes; si on étendait ces matériaux sur l’autoroute 20, on rehausserait de sept mètres les quatre voies entre Montréal et Québec. Pour transporter le barrage (23 millions m3) dans des camions de 10 roues d’une capacité de 11 m3, il faudrait environ 2 millions de camions et le convoi de ces derniers s’étendrait sur une distance équivalente à une fois et demie le tour de la terre.

L’escalier du géant

© Photo, gracieuseté Annie Perreault, fille d’André Perreault de Shawinigan, Québec.

L’évacuateur des crues des eaux de LG2 est surnommé à juste titre l’escalier du géant en raison de ses 10 marches hautes de 10 mètres chacune. Il s’étale sur une distance de 1.5 km et peut faire circuler deux fois le débit du St-Laurent à la hauteur de Montréal.

Pour atténuer les répercussions des travaux sur l’environnement, Hydro-Québec a planté 18,400,000 arbres et aulnes. La production minimale de LG2 est de 37 milliards de kilowattheures par année ce qui permettrait à une ampoule de 100 watts de diffuser sa lumière pendant 42 millions d’années. Sa construction en béton armé (tiges d’acier) permettrait de bâtir un trottoir de 6,000 kms soit du barrage jusqu’à Miami. Êtes-vous convaincu de la démesure de ce projet unique au monde? Cette réalisation existe dans la cour arrière de notre Québec.

Une conclusion s’impose

Des visites guidées presque quotidiennes nous font approfondir bien davantage cette merveille hydroélectrique. L’accueil est chaleureux, l’information rigoureuse. Que 2016, vous permette de vous offrir la Jamésie en Cadeau.

Deuxième partie

 À ma descente de l’avion à l’aéroport de Radisson en Jamésie (Baie James), le 28 novembre 2014, un charmant monsieur s’avance vers moi en m’interpellant avec humour: «Je suis Michel Desjardins, je ferai office de chauffeur, de guide touristique, d’informateur historique lors de votre séjour à la localité de Radisson, la communauté francophone la plus nordique de l’univers, la seule communauté non autochtone au nord du 53e parallèle».

Radisson est à la Baie James ce que la communauté anglaise d’Anchorage est pour l’Alaska en terre arctique. Radisson est le «terminus» nordique (côté nord-ouest) des routes québécoises dans le Grand Nord. Radisson et sa création Radisson a été fondée en 1974 et nommée en l’honneur de Pierre-Esprit Radisson, grand explorateur français qui fonda la Compagnie de la Baie d’Hudson en 1670, entreprise spécialisée dans le commerce de fourrures.À l’origine, la création de ce village permanent aura permis l’accueil des cadres mariés (administrateurs, ingénieurs, contremaîtres et entrepreneurs) et leurs familles indispensables à la construction des installations du complexe hydroélectrique.En 1977, cette localité comptait près de 2,000 habitants.
De nos jours, en 2016, pour assurer le bon fonctionnement du complexe, 300 habitants y habitent dont 200 permanents et d’une centaine d’autres sur une base temporaire qui sont constamment renouvelés.Radisson possède une station-service, un magasin général, une école, une église, un complexe sportif moderne avec piscine semi-olympique, un hôtel, un motel, un camping, des restaurants et des bars. Radisson possède absolument tout pour l’accueil des résidents, des travailleurs temporaires, des touristes, des adaptes de la pêche et de la chasse.Radisson est le paradis du plein air.Ici, on se vit dans l’éloignement mais non dans l’isolement. Pour Michel Desjardins, franchir occasionnellement une longue distance de 620 kilomètres sur route est une réalité plus accommodante que d’être pris quotidiennement dans les bouchons de circulation des grandes villes du sud.

Michel Desjardins, grand entrepreneur des jardins polaires

Michel Desjardins, né le 26 août 1951, originaire du Lac St-Jean, a complété un cours classique, s’est spécialisé en finance, possède une vaste expérience comme courtier en immobilier et hypothécaire.

C’est un homme cultivé, fort renseigné, plein d’humour, passé maître en relations interpersonnelles. Il est un homme d’affaires aguerri, aussi audacieux que généreux. Il est convaincu et convainquant, homme d’accueil et d’entraide, capable d’écoute, pour qui il vaut mieux avoir la paix qu’avoir raison.

Sa simplicité favorise les affinités spontanées et stimule l’harmonie des contacts sociaux. Il a du caractère autant que de contrôle de lui-même.

Il gère des solutions plutôt que des problèmes. Toute situation complexe et divergente est un défi à surmonter. Il est authentique et original.

Éminent concitoyen de Radisson

Michel Desjardins recevra, l’été prochain, son premier chèque de la sécurité de la sagesse (vieillesse). Présentement, il possède le Motel Carrefour La Grande, le Restaurant Mika, le bar Boréal.

Il dispose d’équipements et de machinerie lourde, de roulottes de chantier, de toilettes sèches, d’espace industriel et de bureaux pour fin de location. À 65 ans, il pense sérieusement prendre la retraite de la COMPAGNIE GESTION BAIE-JAMES qu’il a fondé avec tant de vaillance et d’ingéniosité en 20 ans d’efforts soutenus et intensifs.

Être en affaires à Radisson, c’est savoir que la concurrence est presqu’inexistante, que la population vieillissante a des besoins nouveaux à combler et que la vie en générale est paradisiaque.

«Pour un dauphin, m-a-t-il fait comprendre, le débroussaillage est fait, il s’agit d’entretenir et d’innover selon l’actualité des besoins qui surgissent».

Radisson est une exceptionnelle occasion d’affaires dans la variété des multiples occupations sans préoccupations qu’elle exige de tout entrepreneur qui se veut sérieux et compétent. L’implantation de Michel Desjardins à Radisson est à la mesure du Barrage LG2, un homme de la démesure du monde de l’inédit.

  • Troisième partie
CHRONIQUE. Lors de mon voyage à Radisson en Jamésie (Baie-James), du 28 juin au 8 juillet 2015, j’ai fait la sympathique rencontre d’un moine de la nature nommé Sylvain Paquin qui vit à la façon de feu le Vieil Ermite de Grandes-Piles. Que de similitudes dans les faits, que de ressemblances physiologiques, que d’analogies d’un mode de vie aussi original. En somme, son véritable sosie!…
Sylvain est né à Montréal, le 18 mars 1965. Il aura donc à ce jour 51 ans. Il a vécu une partie de son adolescence à Manseau mais il connait bien la Mauricie pour y avoir habité dans une roulotte à Lac-aux-Sables et y avoir fait les 400 coups à Shawinigan. C’est un homme d’honnêteté, d’humilité, d’intégrité, d’effacement, affable, aussi courtois que réservé, capable d’émerveillement. Il est un autodidacte de sa profession. Consultant en développement touristique, il admet l’influence marquée de Max Gros-Louis dans la pratique de l’écotourisme. Sylvain est un virtuose de la photo-nature. Il participe à plusieurs émissions de télévision en tourisme. En 1990, il fonde une entreprise en multimédia et produit plusieurs documentaires.L’appel du Grand NordEn 1997, à 29 ans, l’appel du Grand Nord le mobilise pour un contrat en graphisme. Il se construira un wigwam dans la forêt, y habitera de façon permanente, y perdra plus de 90 livres, se guérira de plantes et de racines et ne redescendra plus dans le sud. Aujourd’hui, Sylvain se vit en parfaite autonomie, en parfaite symbiose avec la nature, sans permis de conduire, voyageant exceptionnellement par auto-stop. Une fois l’an, il met en provision 20 kilos de pâtes, 20 kilos de farine, 30 pains, 15 kilos de beurre d’arachide, 5 kilos de confiture.
Toutes ses réserves sont enfouies et conservées dans la terre sous le camp grâce à des bidons de 4 litres d’eau surgelée. Il se vit sans électricité. Un panneau solaire alimente une mini-génératrice qui pourvoit au bon fonctionnement de son ordinateur. Il brûle par année, 2,600 palettes de bois, moins d’arbres coupés, moins d’encombrement au dépotoir municipal.Chef de meute de chiens et chiens-loupIl ne chasse que pour sa consommation en viande, pour lui et sa meute de chiens et chiens-loup. Il en est le chef de meute. Celle-ci est sa vraie famille. Sa meute jappe pour l’avertir qu’une personne connue foule le sol de son territoire. Ces mêmes bêtes grognent pour lui signifier qu’un parfait étranger ou une bête sauvage envahit son lopin de terre. À l’extérieur, couché sur une peau de caribou pour y prendre un bain de soleil, sa famille canine le réchauffe, le sécurise en l’encerclant.Un être souverain de l’âme

Sylvain est un être de liberté, d’autonomie et d’indépendance. Il est un grand souverain de l’âme pour qui les sordides lois toutes faites du monde ambiant, celles du plus fort, celles du plus grand nombre, celles des convenances, celles de la raison n’ont aucune emprise sur lui et constituent la forme de dictature la plus dévastatrice pour l’être humain. Y donner force et suite, c’est se restreindre à se vivre dans l’inaccompli, c’est méprisé son identité profonde. C’est ainsi qu’on évite de se faire imposer des ignominies infamantes. Il est un homme de cœur pour qui vivre à la Baie James exige qu’on y habite pour la vraie raison, celle d’un mode de vie basé sur la nature, la villégiature, la culture et le partage et non pour celles de l’hypocrisie et de l’appât du gain. Son discours est douceur et authenticité.

Il est un grand conquérant de la vraie vie, simple, humble et digne qui mène sans ambages à la prospérité de l’âme. Pour lui, la solitude n’est pas de l’isolement ou l’absence de compagnie, elle est le temps précieux d’écouter son cœur, de converser avec son moi profond. Sa valise de voyageur solitaire est remplie à craquer du soleil du jour, du ciel bleu sans nuage, du clair de lune, du firmament bondé d’étoiles, du sifflement du vent, du gazouillis des oiseaux, du hurlement du loup sans omettre les jours de tempête et de cieux menaçants qui invitent à la prudence d’action et à la récupération psychosomatique.

Il inspire, gère et guide le Camp des Pins, propriété de la nation Cri. Que 2016, nous permette de s’offrir la Jamésie (Baie James) en cadeau, ce sera alors l’occasion de prendre un bain d’humanisme, de ressourcement et d’intégralité au pays d’en-haut, la glacière du Québec.

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