JEAN-FRANÇOIS LISÉE: LE NOUVEAU CHEF DU PQ TERRASSE PHILIPPE COUILLARD

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 » PREMIER PAS SUR LE CHEMIN DES VICTOIRES »

 — Jean-François Lisée , chef du PQ

 Par MICHEL CLOUTIER, journaliste, écrivain, fondateur du magazine électronique Québec Presse, Montréal, Paris,. Washington

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MONTRÉAL, QUÉBEC, Le mercredi 12 octobre 2016

C’EST FAIT : Jean-François Lisée, le nouveau chef du Parti québécois s’impose dans une tension dynamique en se montrant d’attaque dans un long et brillant discours fort ressenti (qui passera prodigieusement à l’histoire selon Bernard Landry), en exhortant l’unité du parti et de toutes les forces souverainiste, son tremplin politique, sans oublier de tendre la main aux anglophones et allophones déçus des libéraux (un tiers)… et sans manquer de soulever le lamentable échec du gouvernement Couillard dont  »l’éthique toxique », dit-il,  mérite un congé de quatre années dans l’opposition, dès les élections générales de 2018. Le nouveau chef du PQ devient l’homme de la clarté aux yeux des observateurs.

Voici le discours intégral du chef Jean-François Lizée:

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 » PREMIER PAS SUR LE CHEMIN DES VICTOIRES »

Publié le 08/10/2016 par Jean-François Lisée

Allocution du chef du Parti Québécois, Jean-François Lisée

Vendredi 7 octobre 2016
La version lue fait foi

Une victoire

Ce soir, c’est notre victoire à tous. C’est la victoire du Parti québécois. Du Parti d’Alexandre, de Martine, de Paul, de notre amie Véronique qui nous écoute et qu’on salue chaudement…

Nous, les candidats, vous nous avez vus nous asticoter un peu, beaucoup mais surtout : passionnément. Mais c’est parce qu’on est des passionnés du Québec, des passionnés du progrès social, des passionnés de l’indépendance.

Et tous les Québécoises et Québécois ont pu constater que les débats, c’est au Parti Québécois que ça se passe. Les idées, c’est au Parti Québécois qu’on les formule. Les courses au leadership, c’est au Parti Québécois qu’on sait rendre ça pertinent, intense, connecté, comme le Québec d’aujourd’hui, comme le Québec qu’on aime…

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Et comme le Québec qu’on aime, après un bon match où on a donné le maximum, tous les joueurs vont prendre un verre ensemble pour célébrer tout ce qu’ils ont en commun. Et vous le savez, Alexandre, Martine, Paul, Véronique et moi, ce qu’on a en commun, c’est vous, les membres du Parti Québécois. C’est le goût du Québec.

Le goût d’un gouvernement honnête, qui a un réel sens de l’éthique; le goût d’un gouvernement qui a assez de cœur et de compassion pour ne pas faire de surplus budgétaires sur le dos des enfants, des patients, des aînés et des handicapés; le goût d’un gouvernement qui va redonner des outils aux régions, au lieu de les confisquer; le goût d’un gouvernement qui n’abandonnera pas 860 de nos rivières à un projet absurde de transport du pétrole le plus polluant au monde;

le goût d’un gouvernement qui sera proche des petites et moyennes entreprises et de leur combat pour moins de tracasseries et de paperasse, plus de liberté d’entreprendre et d’inventer; le goût d’un gouvernement qui protège notre langue, d’un gouvernement qui enseigne notre histoire; le goût d’un gouvernement qui va signer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et, le goût d’un gouvernement qui, lorsque informé que des femmes autochtones ont été victimes de violences, n’attendra pas des mois avant de déclencher une enquête indépendante, mais le fera immédiatement.

Le goût d’un gouvernement pour qui l’égalité des chances pour chaque enfant du Québec, l’égalité des hommes et des femmes, la marche vers davantage de laïcité, le progrès social et la démocratie, le succès de l’intégration pour chaque québécois d’adoption, ne sont pas des paroles en l’air, mais des engagements fermes, concrets, tangibles.

Le Parti Québécois, notre parti, le plus grand parti au Québec, sort revigoré de cette campagne. Avec une énergie nouvelle. Des candidats plus aguerris. Des organisations mieux rodées.

Des équipes renouvelées. On ne pouvait demander meilleure répétition générale pour préparer la prochaine victoire : celle des élections d’octobre 2018. Imaginez un instant l’énergie des organisations de Paul, d’Alexandre, de Martine et de ma campagne, combinée vers un objectif commun. Les jours du gouvernement Couillard sont comptés.

Des messages

Alexandre. Cher Alexandre. On m’a dit que pour te préparer aux débats, tu as eu une tâche ingrate, toi et ton équipe. Lire tout ce que j’ai écrit depuis 20 ans. Tu m’en vois profondément désolé. Mais j’ai une suggestion à te faire. Le livre de nos victoires à venir. Veux-tu, on va l’écrire ensemble ?

Tu nous as proposé de mettre sur pied, dès les prochaines semaines, huit chantiers pour définir concrètement, d’ici un an, de quoi sera fait le Québec souverain. J’ai une suggestion à te faire. Veux-tu, on va les mettre sur pied ensemble ces chantiers?

Ma tâche aujourd’hui, notre tâche, est de faire la meilleure synthèse possible des propositions que tu as faites, Alexandre, pour la justice fiscale, pour les régions, et de celles des autres candidats pour que chacun se reconnaisse dans notre projet commun. Et oui, Alexandre, pour l’éducation, qui te passionne, j’étais sérieux à ton sujet l’autre jour.

Martine, ma chère Martine. Ton énergie, ta détermination, ta fougue ne cessent de nous émerveiller. Tu n’es pas, Martine, ce qu’on appelle une « force tranquille ». Mais tu es une force, encore plus aujourd’hui qu’il y a six mois ou un an. Tu sais les combats que nous avons menés ensemble pour ce que tu appelles si bien « le développement économique intelligent ».

Tu sais combien nous partageons la vision d’un Québec qui prend les devants en transport électrique, en deuxième et troisième transformation de nos ressources naturelles. Combien nous voulons sortir le Québec des hydrocarbures.

Je te tends la main, Martine, pour que nous le fassions ensemble. Pour que tes propositions sur l’énergie et l’électrification du Québec forment la base de notre programme commun de tout le parti.

Dans cette campagne, toi et moi n’avons pas proposé, pour la présence du Québec au sein du Canada, la même date de péremption. Pas exactement le même calendrier. Mais exactement la même destination. Et exactement le même point de départ pour préparer le voyage : ce soir.

Tu as proposé de publier, Martine, dès l’an prochain, une brochure sur les 50+1 réponses pour l’indépendance. Veux-tu, nous allons nous y mettre, ensemble. Et nous allons réussir ensemble l’indépendance du Québec.

La révélation de l’année au Parti québécois. Non, c’est faux. La révélation de l’année en politique québécoise, c’est Paul Saint-Pierre Plamondon. La preuve, on a tous appris à prononcer son nom au complet. Un exploit !

Paul, tu étais orphelin. Nous t’avons adopté. Ce n’était pas gagné d’avance. Tu as fait ta place dans le parti. Signature par signature. Rencontre par rencontre. Débat par débat. Idée par idée. Surtout, je t’ai vu charmer les militants par ta volonté d’ouvrir le parti à ceux et celles qui ne sont pas dans cette salle. À ceux qui ne pensaient jamais même vouloir y être. Paul, ta place est avec nous. Ta tâche : entraîner tous les orphelins politiques du Québec à faire comme toi et à transformer le Parti québécois de l’intérieur.

Nous avons, ensemble, avec Véronique, et avec tous les députés, tous les militants, tous les organisateurs et tous les bénévoles du Parti québécois, une grande mission à notre mesure. D’abord nous rassembler immédiatement dans l’après course.

Avec Jacques Parizeau, j’avais été surnommé « le conseiller à l’ouverture ». Aujourd’hui, comme Jacques Parizeau, je veux être le chef du rassemblement. Parmi les 1000 choses que m’a enseigné celui qu’on appelait respectueusement « Monsieur », il y a celle-ci : « pour la souveraineté, disait-il, la maison est prête à tous les sacrifices ». Il a fait preuve d’une abnégation exemplaire pour construire autour de lui, en 1995, la plus grande coalition politique de notre histoire. Je m’en vais être fidèle, à sa manière à son modèle…

J’ai aussi vu Pauline Marois, asseoir autour de sa table du Conseil des ministres, des personnes qui, dans des moments d’égarement, n’avaient pas cru en elle, n’avaient pas été tendre avec elle. Elle a passé l’éponge et a additionné leurs talents. Je m’en vais être fidèle, à sa manière à son modèle.

Et je donne un avis à tous ceux et celles qui ne partageaient pas, pour mon élection, l’enthousiasme de 50,6 % des membres.

J’ai besoin, le Parti québécois a besoin, le Québec a besoin de chacun d’entre vous. De chacune d’entre vous. Sans exception. Tous et toutes, car notre rassemblement n’est que le premier cercle d’un rassemblement plus large encore. Celui de tous ceux et celles qui veulent le changement. Et ils sont nombreux.

Je vais m’adresser d’abord aux électeurs libéraux. Le quart d’entre vous l’avez avoué aux sondeurs. Vous êtes insatisfaits du gouvernement Couillard. Il n’y a pas de honte à avoir honte d’un gouvernement honteux. Des gouvernements libéraux, il y en a eu des exceptionnels, comme celui de Jean Lesage. Il y en a eu des moyens. Mais des mauvais comme celui qui gouverne en ce moment, on n’a jamais vécu ça, de notre vivant. Le PLQ, votre parti, est un grand parti de l’histoire du Québec. Mais pas en ce moment. Pas avec Sam Hamad, Gaétan Barrette, Lise Thériault et les autres. Pas avec une politique d’austérité qui a fait mal à notre économie et à nos démunis.

Pas avec un premier ministre qui a besoin de 24 heures pour décider si oui ou non, c’est éthique d’embaucher quelqu’un qui vient de voler des documents. Non. Si vous souhaitez que le parti libéral du Québec redevienne un grand parti, il n’y a qu’un remède : un long séjour dans l’opposition. Un changement de garde. Une longue cure de désintoxication éthique.

À l’élection de 2018, on va vous rendre la tâche facile, à vous les électeurs libéraux insatisfaits. On va vous présenter une équipe formidable, des idées novatrices, des futurs ministres intègres. Un hum-hum de bon gouvernement. L’indépendance, oui, comme mouvement souverainiste, on va essayer de vous convaincre que c’est le plus grand progrès pour le Québec et qu’on devrait, ensuite, en 2022 prendre une décision en ce sens. Mais comme gouvernement, pendant quatre ans, de 2018 à 2022, nous travaillerons ensemble, pour le bien commun, pour la nation, pour le Québec. On vous tend la main.

On la tend aussi aux électeurs caquistes. D’abord, pour vous annoncer une très mauvaise nouvelle. Certains d’entre vous pensent encore que la CAQ, c’est une coalition. Vous me direz, c’est quand même encore dans le nom, coalition. Au début, oui, il y avait des souverainistes et des fédéralistes unis pour parler seulement d’économie.

Mais des souverainistes, il n’y en a plus. François Legault l’a dit en pleine assemblée nationale l’autre jour : « il y a maintenant deux partis politiques qui veulent que le Québec reste dans le Canada ».

Oui, la CAQ est devenu complètement fédéraliste. François Legault est passé du côté obscur de la force. Il y a donc maintenant deux partis fédéralistes de droite au Québec : le PLQ et la CAQ. Deux partis fédéralistes de droite qui sont prêts à dire oui au pipeline qui mettrait en danger 860 de nos rivières. Deux partis fédéralistes de droite qui refusent de franciser les entreprises de 25 à 50 employés, qui sont pourtant le lieu privilégié de l’anglicisation des nouveaux québécois. Deux partis fédéralistes qui méprisent les Centres de la petite enfance, qui sont pourtant une des plus belles réalisations pour l’enfance de tout le continent.

François Legault a autre chose en commun avec Philippe Couillard et Gaétan Barrette. A eux trois, ils sont les responsables du plus grand désastre des finances publiques québécoises du siècle. Celui qui a conduit à ce qu’on donne 5,4 milliards de dollars par an de plus à 20 000 personnes, les médecins. Oui, c’est François Legault, quand il était ministre de la santé, qui a mis le bras des finances publiques dans le tordeur, que MM Couillard et Barrette ont ensuite tordu jusqu’à la dernière cenne.

Évidemment, François Legault n’est pas content. En fait il est rarement content. Mais l’autre fédéraliste de droite l’a volé. Pas seulement ses documents secrets. Non. Pas seulement son ancien candidat vedette, Gaétan Barrette Pas seulement l’ancienne présidente de son parti, Dominique Anglade, qui est maintenant ministre libérale. Mais aussi son programme qui se résumait en trois mots : compressions, compressions, compressions.

On aurait pu croire qu’après deux ans et demi d’austérité toxique, François Legault en aurait eu assez des compressions. Aurait compris que les Québécois en avaient assez. Mais non. Écoutez bien. Avant-hier, à l’Assemblée, la CAQ a pensé faire toute une opération avec une motion qui proposait une baisse d’impôt généralisée dès l’an prochain. Super bonne idée, jusqu’à ce qu’on calcule, en 22 secondes, que ça voulait dire des compressions supplémentaires de trois milliards de dollars par année sur le dos des québécoises et des québécois. Le plan de la CAQ, c’est trois milliards de coupes de plus en éducation, en santé, pour nos aînés. Nos 40 000 aînés des CHSLD vont manger des patates en poudre pendant combien d’années pour satisfaire la soif de compressions de la CAQ ?

Non, la CAQ n’est pas prête à gouverner le Québec. C’est un parti qui change de priorité tous les six mois. C’est un parti brouillon, impulsif comme son chef, qui fait des propositions irréalistes dans toutes sortes de domaine. Un parti fédéraliste de droite qui n’a pas de boussole. Pas étonnant que tant de caquistes quittent le navire dès qu’on leur offre un meilleur emploi.

Je représente la belle circonscription de Rosemont, mais c’est Thetford Mines et la région de Chaudières-Appalaches qui m’ont vu grandir. Moi, le fils d’entrepreneur qui a passé des dimanche matin à mettre des circulaires sous essuie-glaces des voitures de tous les stationnements d’églises de Beauce nord et de Beauce sud. Et je veux dire une chose claire : Lévis, la Beauce, la région de Thetford n’appartient pas aux libéraux et aux caquistes.

La région de la capitale nationale, n’appartient pas aux libéraux et aux caquistes. Je compte être présent, à l’écoute, dans la capitale. Il n’y a pas de mystère Québec. Il y a des citoyens qui ont des priorités, des valeurs, des espoirs, qu’il faut mieux représenter, mieux relayer. Je m’y engage.

Je veux parler maintenant à nos amis de Québec Solidaire. Nous ne sommes pas d’accord sur tout. Sinon, on serait dans le même parti. Mais on était d’accord sur une chose, l’an dernier, lors de l’élection fédérale. Malgré toutes les divergences, il était nécessaire pour le bien commun que Stephen Harper ne soit plus premier ministre du Canada. Et nous avions raison.

Je crois maintenant, malgré toutes nos divergences, qu’il est nécessaire pour le bien commun que Philippe Couillard ne soit plus le premier ministre du Québec. Alors je me tourne sincèrement, vers nos amis de Québec solidaire. Trouvons ensemble le moyen d’additionner nos forces, lors de l’élection de 2018. Nous pouvons porter, ensemble, le projet d’amener dès que possible le salaire minimum à 15$. Nous pouvons porter ensemble le projet de libérer le Québec des paradis fiscaux.

Nous pouvons porter ensemble le projet de transformer notre mode de scrutin pour que la prochaine élection soit la dernière à si mal représenter la volonté populaire. Nous pouvons regarder ensemble la carte électorale et voir comment on peut faire élire davantage de députés progressistes et souverainistes et envoyer à la retraite un maximum de fédéralistes de droite.

Ce n’est qu’une question de volonté politique. Nous, au Parti Québécois, avons-nous cette volonté politique ? L’avons-nous ? Oui nous l’avons. Et, amis de Québec solidaire, nous souhaitons la retrouver aussi chez vous. Pour qu’ensemble on donne des victoires au bien commun.

L’éternelle jeunesse du Parti Québécois

Le 2 juin 1897 le New York Journal a publié une brève correction d’un lecteur célèbre : Mark Twain. Le journal avait précédemment annoncé la mort de M. Twain. Il a donc voulu rectifier les faits. « La nouvelle de mon décès, a-t-il écrit, est exagérée. »

Rarement la mort d’un parti ou d’une idée n’aura été aussi souhaitée, prévue, prédite que celle du Parti québécois et du mouvement indépendantiste. Quelques mois avant l’élection historique de René Lévesque en 1976, Pierre Trudeau avait annoncé, je cite « le séparatisme est mort ».

Après le référendum de 1980, les avis de décès était tellement nombreux que les sondeurs ont arrêté de poser la question de l’intention de vote souverainiste pendant plusieurs années.

Lorsque, avant le référendum de 1995, un porte-parole fédéraliste a annoncé qu’il fallait « écraser » les souverainistes, c’est qu’il croyait vraiment que le résultat serait catastrophique pour le Oui. C’est ce que disaient les très sérieuses analyses internes du bureau du premier ministre fédéral.

Quelques années plus tard, l’édition canadienne du magazine Time avait choisi, pour symboliser en une notre mouvement, une pierre tombale. Et au lendemain de l’élection de 2014, la couverture de Maclean’s décrétait « l’effondrement épique du séparatisme québécois ».

Pourtant, nous sommes toujours vivants. Toujours debout. Nous sommes encore et toujours le parti politique le plus important au Québec. Avec davantage de membres que tous les autres partis réunis.

Et aujourd’hui, mes amis, aujourd’hui même, le chef du PLQ Philippe Couillard a ajouté son nom à la longue liste des faux prophètes fédéralistes. La souveraineté, a-t-il dit « n’a plus d’avenir au Québec ». Il pense que c’est mort. Monsieur le Premier ministre, il y a Mark Twain sur l’autre ligne. Il a quelque chose à vous dire.

Et l’élection d’aujourd’hui, l’extraordinaire campagne que nous venons de mener, le riche débat d’idées que nous avons tenu, le taux de participation enregistré, tout clame au monde une grande vérité, une vérité qui dérange : Le Parti québécois est là pour durer. Le projet indépendantiste est irréductible.

J’aime profondément ce parti et je ne peux dire suffisamment merci, en ce soir de victoire, à mon extraordinaire équipe, mes proches collaborateurs. Merci à ma conjointe, ma famille, mes enfants qui ont eu des drôles de vacances cet été. Ma sœur et ma mère qui m’ont soutenu et se sont transformées en extraordinaires vendeuses de cartes de membre. Et mon père, Jean-Claude, que je sens présent avec nous ce soir. Merci aux centaines de bénévoles et aux milliers qui ont cliqué sur « j’embarque avec Lisée », les 1000 qui étaient avec moi à la course précédente et qui ont repris espoir cette année. Je vous salue tous et toutes ou que vous soyez aux quatre coins du Québec…et plus loin encore.

 Notre parti, donc, est indestructible, irréductible, comme le Québec. Mais posons la question autrement. Notre parti est-il vieux ? Nous n’avons pas encore 50 ans. Le Parti libéral va souffler ses 150 chandelles. Et quant à la CAQ, eh bien, il est comme le bébé Benjamin Button. Il est né vieux.

Comme tous les grands partis, le Parti québécois a atteint sa maturité et connaît des périodes fastes et des périodes creuses. Des partis établis, comme lui, qui avaient perdu pied ont su se régénérer et retrouver le contact avec un nouvel électorat. Pensons à la « Génération Mitterrand » du Parti socialiste français, au succès de Barack Obama puis de Bernie Sanders pour le Parti démocrate ou, plus près de nous, à la vague orange puis au renouveau d’un Parti libéral du Canada qu’on croyait moribond au lendemain du scandale des commandites.

« Où sont les jeunes qui étaient avec René Lévesque à la création du Parti », entend-on parfois?

Et bien ils sont encore là, dans les salles où nous les avons rencontrés, de Gaspé à Val d’Or. Ils ont pris de l’âge, mais sont toujours vaillants, actifs, engagés. Il y a chez eux une résilience qui force l’admiration. Il n’y a rien de mal à ce que notre formation attire les appuis des baby-boomers et des jeunes retraités, au contraire. Leur expérience, leur solidité nous sont précieuses, comme leur fidélité à leurs rêves de jeunesse.

La question qu’on doit se poser est: « Où sont les autres? ». Dimanche dernier, j’étais heureux de présenter une trentaine d’appuis montréalais : ils étaient de tous les âges, de tous les milieux, de toutes les origines. Unis dans une même campagne. Un beau moment de rassemblement. Une bande-annonce du Parti québécois que je veux construire avec eux et avec vous.

La jeunesse. « Pour intéresser la jeunesse, il faut être intéressant » disait il y a quelques jours un homme qui vient de reprendre sa carte de notre parti : Jean-Martin Aussant. Je suis content, Jean-Martin, que tu nous trouves à nouveau intéressants !

Mais comment intéresser toute la jeunesse ? En devenant leur parti, puis leur gouvernement, branché sur leur sensibilité. Notre effort doit être important, constant, multiforme. D’abord en offrant à l’aile jeunesse du Parti québécois le statut, les moyens, l’importance qu’il faut pour qu’elle devienne un pôle d’attraction majeur de toute la jeunesse québécoise. Les jeunes doivent élargir leur place, brasser la cage, insuffler un vent nouveau dans le dialogue indépendantiste, social, environnemental du Québec. En un mot : ils doivent déranger, y compris le nouveau chef.

Notre Parti québécois redeviendra résolument vert pour faire du Québec une nation exemplaire de la planète dans la lutte au changement climatique. Premier ministre, je mettrai aussi immédiatement en œuvre ma proposition de créer une Agence québécoise de la solidarité internationale, véritable pont des jeunes québécois vers l’étranger.

Un gouvernement du Parti québécois environnementaliste et activement branché sur le monde, luttant aussi contre les inégalités de revenus et les paradis fiscaux, voilà des moyens de redevenir l’interlocuteur valable de la jeunesse et pouvoir ainsi engager le dialogue sur d’autres plans, dont l’indispensable indépendance.

Je propose aussi de remettre en scène le côté festif du projet indépendantiste en lançant chaque été la « Souveraine tournée » à la rencontre de la jeunesse québécoise. De jeunes chanteurs, humoristes, créateurs indépendantistes pourront faire vibrer et renouveler la culture indépendantiste québécoise, pour notre plus grand bien.

Au congrès de fondation de notre parti, il y a eu un débat sur le nom que nous allions adopter. René Lévesque, dans sa grande humilité, n’était pas entiché du nom « Parti québécois ». Il fut choisi, contre son gré, par la majorité des délégués. Il leur a dit ceci : « C’est un très beau nom qu’on a choisi. Il va donc falloir le porter, ce nom, avec la dignité (…) et l’espèce d’indiscutable responsabilité de tout ce que nous avons décidé de prendre, puisque nous l’avons choisi. »

Le Parti québécois doit être le parti de tous les québécois et de toutes les québécoises. C’était son message. Le parti de tous les débats aussi car, contrairement à la légende que certains veulent créer aujourd’hui, René Lévesque était le premier à critiquer les politiques d’immigration et leurs seuils. Il était le premier à défendre haut et fort l’identité québécoise qu’il appelait la « différence vitale » du Québec et notre responsabilité à la défendre et à la transmettre. Il fut, en son temps, accusé de tous les mots. Xénophobie, racisme, nazisme, il n’y avait pas de limite. Cela ne l’a pas empêché d’avancer pour le bien du Québec. Nous allons être fidèles…

Il menait ses combats, pour la diversité. Pour les droits des anglophones, pour leurs institutions.

Il faut reprendre, aussi, ce flambeau.

Lors de la campagne au leadership de l’an dernier, j’avais lancé l’idée de créer les « Bold anglos for independance » (Les anglophones audacieux pour l’indépendance.) Désormais, ils existent, sous la bannière des Anglos for Québec Independence et ils sont déjà une cinquantaine. J’en suis ravi et nous devons les accueillir à bras ouverts. Et je vais même, comme l’avait fait Pierre Karl Péladeau lors de son discours de victoire, leur dire quelques mots en anglais à eux et à tous les anglo-québécois.

We have a very catchy song, in French, by Loco Locass. It’s called: Libérez nous des libéraux. Free us from the liberals. Well, that’s our plan, for all of us, next election. The liberal party has trapped anglo quebecers for decades into voting for them by two means. First, by banking on the fear of separation. Better an inept, unethical, bumbling liberal government than the separatist PQ was their basic message. You know what I mean. Fully 40% of all non-francophones in Quebec are dissatisfied with this current liberal government.

It gives liberalism a bad name. Well, what if we got out of this trap for a change. What if we agreed to have a full term of just clean, honest, green, dynamic government. Yes, as a sovereigntist party, we will keep working towards our goal. But as a government, we will rebuild what this awful liberal team is spoiling but that we all hold so dear: this corner of North America that is unique in so many ways, and that thrives on that uniqueness, creativity, joie de vivre.

I said the liberals had two means to keep you in their electoral trap. The second one is to make you believe that we, at the Parti Quebecois, are, let’s say, dreadful people. They have a vested interest in making you believe that. They have help from, among others, the Toronto Globe and Mail, who described us, and I’m not making this up, as “vampires” and “zombies”.

Well, you know better than that. And, as a leader, I will make sure that we have an open and fruitful dialogue on who we are and what we can build together, when we do the current liberal team the great service of putting them out of their misery and letting them regenerate in a long overdue period in opposition.

Dans ma campagne cette année, des membres des communautés hispano, juive, haïtienne, kabyle, libanaise, et plusieurs autres, jeunes et vieux ont vendu des cartes de membres dans leurs communautés et m’ont épaulé.

C’est une autre bande-annonce du Parti québécois que je souhaite pour bientôt. Le comité représentant, dans les instances du PQ, les Québécois d’adoption doit être recréé de toute urgence. Des équipes responsables de porter notre projet dans les communautés doivent être mises sur pied pour entreprendre un travail sérieux, constant, de longue haleine. Des représentants de la diversité doivent être actifs dans chacun des exécutifs des circonscriptions où ils sont présents. Les assemblées du parti doivent, rapidement, refléter plus justement la réalité métissée qui est celle du Québec d’aujourd’hui et de demain.

Prenons un instant pour faire connaître notre empathie, notre détresse et notre solidarité envers le peuple haïtien et la communauté québécoise haïtienne encore une fois frappé par le destin.

Vous êtes nos frères et nos sœurs. Vous nos sœurs, vous nos frères haïtiens, sachez que dans votre détresse, nous sommes de tout cœur avec vous. Demain, le soleil éclairera à nouveau vos courageux visages et nous serons à vos côtés pour sortir de l’épreuve la tête haute.

Au Québec comme ailleurs, l’affiliation à un grand parti est moins attractive qu’auparavant. On milite pour des causes, ponctuellement, puis on passe à autre chose.

Il faut donc ouvrir le Parti québécois à cette volonté du militantisme à géométrie variable. Ouvrir nos consultations aux non-membres. Permettre que des propositions soient soumises, des questions posées, des actions organisées, sans que chacun ait à exhiber sa carte.

L’information doit circuler plus librement au sein du parti. Les initiatives locales doivent être encouragées, plutôt que contrôlées. Et il est grand temps que le Parti dispose d’un attaché de liaison à plein temps, à Québec, pour alimenter notre action dans la Capitale nationale et dans Chaudières-Appalaches.

Il faut donc un vent de fraîcheur dans notre parti et dans notre vie politique. Depuis sa création, le Parti québécois a toujours su innover. A toujours su Oser. En réformant en profondeur le financement politique (deux fois : en 1977, puis en 2013). En instaurant le suffrage universel des membres pour le choix de son chef. Il doit innover encore. Démontrer qu’il est aujourd’hui, autant qu’à sa création il y a bientôt 50 ans, de loin le meilleur véhicule pour porter le Québec vers l’avenir.

Surtout, nos convictions à nous sont intactes. Notre projet à nous est aussi moderne qu’au premier jour. L’expérience étrangère – Écosse, Catalogne, Brexit – nous donne raison sur la forme et sur le fond. Notre défi n’est pas de redéfinir notre objectif ou notre projet, mais de régénérer notre organisation pour la mettre au diapason des citoyens d’aujourd’hui.

Nos amis fédéralistes québécois, eux, ont abandonné leur rêve : celui d’un Canada renouvelé, qui reconnaîtrait concrètement l’existence de la nation québécoise et qui accepterait son autonomie. Eux sont orphelins. Eux ont baissé les bras. À l’approche du 150e anniversaire du Canada l’an prochain, ils n’osent même plus évoquer la lointaine possibilité que la loi fondamentale canadienne, la constitution adoptée sans nous et contre nous il y a 34 ans, puisse être réparée. Puisse faire justice à l’existence de notre nation. Il y a donc un décès, un vrai, dans la famille québécoise. Le décès du rêve de Jean Lesage, de Claude Ryan et de tant d’autres élus qui croyaient que le Canada, un jour, reconnaîtrait officiellement la différence québécoise. L’accueillerait dans « l’honneur et l’enthousiasme ». Les libéraux n’osent même plus discuter du sujet, tant leur capitulation est totale. Ils savent que le Canada qu’ils souhaitaient est un pays imaginaire. Ils ne croient plus à leurs propres rêves. L’annonce du décès de leur rêve n’est nullement, en ce cas, exagéré.

Mais nous, les indépendantistes, notre rêve est plus vivant que jamais. Nous savons que nous n’avons de permission à demander à personne qu’à nous-mêmes. Nous savons que le Québec sera présent au monde. Nous savons que l’avenir nous appartient. Nous savons que s’ouvre devant nous, ce soir, le chemin des victoires.

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