MAKINE: UN ÉCRIVAIN RUSSE À L’ACADÉMIE FRANÇAISE

 

 

QUÉBEC PRESSE  –Revue de presse

PARIS — Le dimanche 6 mars 2016

Andreï Makine: un écrivain russe à l’Académie française

Andreï Makine: un écrivain russe à l'Académie française
Andrei Makine, en 2013 ((Laurent Benhamou/Sipa))

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Élection de M. Andreï Makine (F5)

Le 03 mars 2016

Élection : L’Académie française (26 votants), dans sa séance du jeudi 3 mars 2016, a procédé à l’élection au fauteuil de Mme Assia Djebar (F5). Les voix obtenues au premier tour sont les suivantes :

  1. M. Michel Carassou : 0
  2. M. Yves-Denis Delaporte : 0
  3. M. Éric Dubois : 0
  4. M. Andreï Makine : 15
  5. M. Olivier Mathieu : 0
  6. M. Valentin Ogier : 0
  7. M. Eduardo Pisani : 0
  8. M. Arnaud-Aaron Upinsky : 2

Bulletins blancs : 3

Bulletins blancs marqués d’une croix : 6

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L’auteur du « Testament français » succède à Assia Djebar.

L’écrivain Andreï Makine a été élu à l’Académie française ce jeudi 3 mars, au fauteuil numéro 5, auparavant occupé par Assia Djebar, décédée le 6 février 2015. Les académiciens lui ont accordé quinze voix, au premier tour de scrutin, résultat qui n’est pas vraiment surprenant, sachant que les autres prétendants n’avaient que peu de chances d’entrer sous la Coupole.

À 58 ans, Andreï Makine, Russe naturalisé français en 1996, est l’auteur de seize livres publiés sous son nom et quatre sous le pseudonyme de Gabriel Osmonde.  Né en Sibérie, ce grand francophile a publié une thèse à l’Université de Moscou sur la littérature française contemporaine, enseigné la philologie et collaboré à la revue russe «Littérature contemporaine à l’étranger». Après une installation clandestine à Paris en 1987, il a obtenu l’asile politique.

Deux ans plus tard, il termine son premier roman, «la Fille d’un héros de l’Union soviétique»écrit intégralement en français, qu’il maîtrise parfaitement grâce à sa grand-mère, originaire de Neuilly. Il peine à trouver des éditeurs. Il a l’idée d’inventer une traductrice virtuelle, une certaine François Bour, dont il inventa le nom et l’adresse à la sortie du livre en mars 1990. Il raconte aux éditeurs que son livre a été écrit en russe, puis traduit par cette Bour inexistante. Le livre est alors accepté. A sa sortie, il ne marche pas, mais un critique note qu’il est très bien traduit.

A un journaliste du «Figaro» qui lui demandait en 2009 pourquoi il s’est mis à écrire en français, Makine a répondu que ça lui est venu «tout naturellement»: «Cette langue, dit-il, je l’ai entendue dès mon enfance, dans ma lointaine Sibérie. Elle venait de la bouche de ma grand-mère, d’origine française. (…) Je considère, à juste titre, le français comme ma langue « grand-maternelle ».»

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Après une thèse de doctorat sur Ivan Bounine à la Sorbonne, Andreï Makine devient professeur d’idéologie russe à Sciences-Po et à l’École Normale Supérieure. En 1995 il publie son quatrième roman, son plus grand succès, «le Testament français», qui décroche à la fois le Goncourt, le Goncourt des Lycéens et le Médicis. Cette avalanche de prix lui vaut d’obtenir une nationalité française qu’il demandait pourtant depuis longtemps.

D’inspiration autobiographique, «le Testament français» raconte l’histoire de Charlotte, une française émigrée en Sibérie qui raconte à son petit-fils le Paris d’antan. Le jeune garçon, qui a des airs de son auteur, va peu à peu s’imprégner de la culture française et en faire son eldorado.

Depuis, Makine a publié une dizaine de livres, plus ou moins encensés par la critique, dont «le Crime d’Olga Arbélina» en 1998 ou «Une femme aimée» en 2013. En 2000, l’Académie française lui a remis le Prix de la Francophonie pour l’ensemble de son œuvre.

Andreï Makine vit à Paris, dans le quartier de Montmartre. Mais il n’a pas coupé les ponts avec son pays d’origine. En 2013, il a loué le «pragmatisme» de Vladimir Poutine et dénoncé «l’hostilité» de l’Occident à son égard. Il devrait se sentir bien à l’Académie: Hélène Carrère d’Encausse, le Secrétaire perpétuel de l’institution, n’a jamais caché son admiration pour le Président russe.

Virginie Cresci

BibliObs

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